mercredi 24 décembre 2008

Connexion

L'autre jour, mon chum (qu'on va appeler Michel) m'a lancé, tout bonnement :

- On pourrait inviter Carl et Josée (noms fictifs) à souper, demain soir ?

Carl et Josée. Deux personnes avec qui le courant ne passe pas, avec qui je ne sens AUCUNE connexion. Connec...quoi, vous vous dites ? Vous savez, ce bien-être qui fait qu'on peut se laisser aller sans retenue avec quelqu'un? Qui fait qu'on a l'impression de connaître l'autre depuis toujours, qu'on peut tout lui dire sans avoir peur de son jugement ?

Eh bien, avec eux, je ne me sens pas comme ça, justement. Je ne me sens pas appréciée. À chaque fois que je parle avec Carl et Josée, un silence plane, pesant. Ils se lancent même un regard lourd de sens. Je ne sais pas pourquoi, on dirait que je suis la seule à ne pas savoir ce qu'il veut dire, mais je SENS que ça veut dire quelque chose, et quelque chose de pas flatteur, en plus.

J'ai beau les relancer avec d'autres questions, ils se font très brefs dans leurs réponses. Pas d'étalement, non. Pas d'élaboration, non plus. Pas de grandes déclarations, encore moins. Seulement le strict minimum. Pourtant, je suis une personne intéressante ! Je suis capable de comprendre et de répondre, et assez vite, à part de ça ! Mais non, avec eux, je ne peux pas espérer d'emballement d'aucune sorte. Lorsqu'ils parlent, ils ne me regardent pas, ils sautent par-dessus moi, comme si je n'étais pas là, comme si je n'existais pas. Ils sautent par-dessus moi pour regarder les autres.

Comment expliquer tout ça à Michel ? À chaque fois que j'ose dire tout ça, on me répond :

- Tu paranoïes !
- Ne t'en fais pas avec ça !
- Tu es trop sensible !
- Tu dois te tromper !

Non, je ne me trompe pas. Non, je ne paranoïe pas. À chaque fois que je vérifie mes doutes, je constate que j'ai raison : entre eux et moi, ça ne "clique" pas. Oui, je m'en fais avec ça, peut-être parce que je suis trop sensible. C'est d'ailleurs connu que les attentionnels sont des êtres extrêmement sensibles, à tel point qu'on aurait un 6e sens. En effet, on aurait une intuition fantastique qui nous permettrait de sentir des choses que la plupart ne sentent pas. On base d'ailleurs beaucoup nos décisions sur cette fameuse intuition.

J'envoie donc à mon chum :

- Bof... c'est trop fatiguant... On pourrait aller au resto avec eux, à la place ?

Mine renfrognée en guise de réponse.

Le lendemain, j'ai droit à la baboune du siècle. Je fléchis et je lance (tout plutôt que de lui avouer mes pensées!) :

- Ok ! Tu peux les inviter à souper !

Après les avoir appelé, il raccroche en disant :

- Ils ne viendront pas, finalement. Je vais aller prendre un verre seul avec Carl.
- Comment, ça, seul ? Je ne viendrai pas ?
- Ça l'air à ça.

Une fois de plus, j'avais raison !

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