lundi 18 mai 2009

Retomber dans ses vieux « patterns »

Il y a quelque temps, je reçois un appel d'une jeune femme :

« Bonjour. Mon nom est Natasha Dubé (nom fictif) et je suis la rédactrice en chef du magazine Oser (nom également changé). On cherche un réviseur pour notre publication jeunesse, laquelle paraîtra 4 autres fois durant l'année. C'est un contrat se terminant en 2010. Une conseillère en emploi du CJE (Carrefour jeunesse-emploi) m'a référé ton nom et m'a donné ton CV. Ton profil est très intéressant et je me demandais si ça pouvait t'intéresser...

- Ah ben vous êtes tombée sur la bonne personne ! que je m'exclame, toute excitée à la perspective d'avoir un emploi, même à la pige. Justement, je commençais à désespérer à seulement faire la mère au foyer. (Ça, je ne l'ai pas dit, bien sûr...)

- Un comité révise les textes et il est très exigeant. Ses membres veulent que ce soit impeccable et la réviseure qui a travaillé sur le premier numéro a reçu des critiques... On veut aussi que le travail respecte les délais, sans faute­. Tu aurais 4-5 jours pour corriger sur PDF. Tu aurais tes textes le 16 et tu devras les remettre le 19. La conseillère m'a dit que t'étais maman à temps plein alors je me demandais si ça pouvait poser problème...

- Ah mais je peux toujours m'organiser, vous savez ! J'ai du monde pour garder mon fils alors je pense que je pourrais y arriver... (En fait, j'ai la halte-garderie mais une journée par semaine et la santé de ma mère ne lui permet pas de le garder à tous les jours...)

- Et côté tarifs, qu'est-ce que tu demandes ?

- Heu... À vrai dire, je ne sais pas trop... Je n'ai jamais été réviseure pigiste... J'ai surtout été rédactrice...

- Nous on offre entre 400 et 550 par numéro... dépendamment du temps que ça prend. Est ce que ça te convient ?

- Oui, oui, aucun problème ! (Et comment ! Ça me paraît très appréciable, comme montant !)

- OK. Je vais en parler aux autres et je t'en redonne des nouvelles.

- OK !!! Tu m'écriras la date de tombée dans ton courriel, parce que sinon, je vais l'oublier (Eh, eh ! J'apprends des choses, du TDAH!)

- Bye bye !

- Bye ! »


Je raccroche, le coeur léger. Mais peu à peu, l'excitation fait place à la peur et à l'angoisse et je me demande :

« Ayant le TDAH, je devrais maintenant savoir que les jobs de détails, ce n'est pas pour moi ! À preuve, j'ai déçu énormément mon dernier employeur, à un point tel qu'il m'a foutu dehors ! Et j'occupais un poste de correctrice, justement ! »

« Et si je ne faisais pas la job à temps ? »

« Et si je me retrouvais avec un autre échec, très probable, d'ailleurs, comment je pourrais me regarder dans le miroir et être fière de moi, après ça ?!!! »

J'en parle à un de mes bons vieux copains du net et il me conseille de foncer, même si ça me mène à l'échec. Je trouve qu'il a raison.

Je me rends alors compte que je viens de retomber dans un vieux « pattern » : accepter des emplois qui ne me conviennent pas (Du moins, c'est ce que je pense.). C'est d'autant pire que je sais, maintenant, que j'ai le TDAH !!! Avant, comme je ne le savais pas, ça pouvait toujours passer mais là... Je suis sado-maso ou quoi ?!!! Cependant, c'est le test ultime : si ça ne fonctionne pas, je change de domaine !

Quelques jours plus tard, après m'avoir appelé pour me dire qu'on hésitait entre faire affaire avec un particulier (moi) ou une agence, on m'annonce que j'ai le contrat.

« Super !!! », que je pense (Et ce n'est pas de l'ironie).

Je mets toutes les chances de mon côté et je me prépare car je veux garder le contrat. Pour savoir comment corriger un PDF, j'enregistre un texte dans ce format et j'essaie les outils de correction. Après quelques tentatives, je constate que je me débrouille pas trop mal ! Je vais aussi voir l'exemple de corrections qu'a faites l'autre réviseure et que m'a envoyé Natasha.

Quelque temps après, un jeudi, Natasha m'envoit les fameux textes et je trouve qu'il y en a vraiment beaucoup... Mon angoisse refait surface : vais-je pouvoir tout remettre à temps ?

Ça tombe bien : je vais porter mon fils à la halte-garderie, le jeudi ! Je vais donc avoir une gardienne pour mon premier jour de correction ! Et le lendemain, je demanderai à ma mère ! (En espérant qu'elle ne soit pas malade!)

Jeudi, donc, tout se passe très bien. Je chasse toutes les sources de distraction possible et je m'attaque à l'ouvrage. Je travaille plus vite et je suis plus productive que je le pensais ! J'arrive à en corriger la moitié à l'écran.

Vendredi, ma mère est disponible. Je me discipline fort et ne me concentre que sur mon travail. J'en corrige presque... la totalité. Je dis bien « presque ». Puisqu'une tuile me tombe sur la tête. Évidemment. Ma souris fait la morte. J'ai beau redémarrer 3-4 fois mon ordi, le curseur ne veut pas bouger. Et il me reste 4 pages à corriger à l'écran ! Je rage! Je décide de les réviser sur papier, ainsi que les fautes que j'aurais pu laisser passer, et si je ne règle pas mon problème de souris, j'irai porter la copie papier à Natasha. Elle aura ainsi toutes mes corrections ! Direction : bibli. J'imprime le magazine et commence la correction papier.

Samedi, je me souviens que ma mère doit partir pour Ottawa pendant 2-3 jours ! Oh non ! Et mon chum qui doit faire des travaux dans notre maison ! Pas de gardienne pour mon fils ! Je décide donc de corriger pendant que le petit dort. Je finis cette deuxième correction chez moi. Ça se passe assez bien, malgré tout !

Dimanche, ma souris ne fonctionnant toujours pas, je pars en flèche au magasin pour la faire vérifier. Elle fait la morte encore là-bas. Donc, c'est vraiment elle, le problème, pas mon ordi. J'en achète alors une nouvelle.

De retour chez moi, je me dépêche de la brancher : ouf ! Mon curseur bouge ! Je pourrai entrer mes corrections à l'ordi !

Mon fils ne se comprenant plus, je décide de le coucher à 16h30. Je regrette aussitôt mon geste : plus je le couche tard, plus il se lève tard et plus je risque de faire mes corrections tard ! Je panique à cette pensée : « Vais-je avoir le temps de finir mon travail ?!!! » Rien n'est moins sûr.

Heureusement, il se réveille à 19h30 et à 21h30, je le recouche et ne l'entends plus. Je prends donc mon courage à deux mains et entreprends ma dernière étape de correction. À 2h30 du mat, je termine le tout et envoie ma version corrigée à Natasha.

Je retiens alors mon souffle, espérant la satisfaire...