mardi 4 mai 2010

Quand on glisse vers la dépression...

Je ne pensais jamais que ça m'arriverait mais ça y est : je fais une dépression. Ou du moins, je pense. J'en ai tous les symptômes, en tout cas. Je suis sans cesse fatiguée, je n'ai le goût de rien, surtout pas de m'occuper de mon fils, je change sans arrêt d'idée, je ne vois que le côté négatif des choses et j'ai plein de maux physiques tous plus mystérieux les uns que les autre. Je me sens oppressée et j'ai de la difficulté à respirer. C'est vraiment horrible. Mon état est horrible.

Ça m'énerve parce que pour moi, dépression égale faiblesse. Quand tu es dépressif, c'est parce que tu te laisses aller et quand tu te laisses aller, c'est parce que tu es paresseux. Il faut seulement se bouger, se botter les fesses, se magner, sortir de son trou et tout ira mieux. Ça, c'est ce que je pensais avant.

Mais là, je n'y arrive tout simplement pas. Je n'arrive pas à prendre d'initiatives, à faire des activités qui me feraient du bien, je ne trouve d'intérêt à rien, même pas à mes amies ! Tout me semble vide de sens. La vie me paraît terne et insipide. Je n'arrive plus à voir la beauté de la vie, à ressentir une étincelle pour les belles et bonnes choses. Mon chum me tombe sur les nerfs, mon fils me tombe sur les nerfs, mes amis me tombent sur les nerfs, la vie me tombe sur les nerfs! Je ne ferais que dormir pendant toute la journée. Mais je dois m'arracher de mon lit et m'occuper de ce petit bout de chair qui est mon enfant. Je lui l'alimenter, l'habiller, le changer de couche, le nettoyer, l'amuser, l'éduquer... et cela me prend un effort surhumain pour tout faire cela.

En apparence, j'ai tout ce qu'il me faut pour être heureuse : une belle maison, un chum beau et responsable, un enfant magnifique, des amies de longue date et des parents encore ensemble qui m'aident quand il le faut. Mais parfois, et de plus en plus souvent, j'ai l'impression de ne pas avoir choisi ma vie. Je ne suis pas sûre d'avoir fait les bons choix : choix de chum, choix de carrière, choix d'avoir un enfant, choix de mon lieu de résidence, choix d'être maman à la maison. Je pense que c'est ça qui me déprime. J'ai l'impression d'être prise au piège dans une vie dont je ne veux pas.

À la pensée de tout quitter, je me sens soudainement mieux et plus légère. Je me sens en paix, sereine. À l'idée de tout plaquer, je me sens libre. Libre de tout recommencer et à ma façon. Je serais libérée de mes chaînes, libérée de mes obligations, libérée de cette routine qui me tue un peu plus chaque jour.

Évidemment, le TDAH et les difficultés qui y sont reliées ne sont pas étrangers à mon état. En effet, les attentionnels auraient 2,7 fois plus de risques de faire une dépression que les gens "normaux", parce que le TDAH est causé par des perturbations des neuro-transmetteurs, lesquels affectent la dopamine et la neurodrénaline, hormones responsables de l'humeur. Cela, c'est sans compter les nombreux obstacles et défis auxquels doivent faire face les personnes ayant le TDAH : difficultés à se concentrer, risques plus élevés de faire des erreurs au travail et d'être congédié, troubles à maintenir et à entretenir des relations saines et satisfaisantes, attirance pour les drogues et alcool et les sensations fortes, l'impulsivité et des problèmes à organiser le travail domestique et à acquitter de ses obligations financières et familiales... Tout cela contribue à miner la qualité de vie des attentionnels, ce qui entraîne, par le fait même, de la dépression et des maladies mentales.

Depuis environ 3 ans, je ne fais que m'occuper de mon enfant, ce qui m'a retiré de la vie professionnelle et sociale. C'est en partie un choix mais ce ne l'est pas vraiment puisque je me suis faite virer de mon dernier emploi de correctrice. Hors, j'ai toujours pensé que j'étais faite pour mon domaine d'études. Cet échec m'a donné un gros coup, tellement que j'ai du mal à me relever et je n'ose plus réintégrer le monde du travail.

Quand je vois du monde, je n'ai rien à dire. Quand les gens me demandent ce que je fais, je leur réponds seulement : "Je m'occupe de mon fils." Ce qui n'est pas tout à fait vrai car je passe des grandes parties de mes journées seule, à lire et écrire. Mais au bout du compte, cela ne me rend pas plus heureuse car je suis seule. Quand Will est là, je me sens moins seule mais ce n'est pas pareil que de parler avec des adultes. Et quand mon chum arrive, le soir, il va vite rejoindre son amant : son fauteuil. Là, il fixe la télé jusqu'à ce qu'il s'endorme. Autrement dit, je passe la plupart de mes journées seule.

C'est cette solitude qui est la cause de ma dépression. Du moins, je pense.

Hors, la dépression est un signal d'alarme. Le signal qu'il faut changer sa vie, ses habitudes de vie et ses comportements, bref, qu'il faut agir. Et vite. Si l'on ne veut pas s'enfoncer davantage. Si l'on ne veut pas que le pire nous arrive.

C'est du moins la conclusion que j'en tire.

Je dois changer ma vie. Et rapidement.

J'ai donc décidé de retourner à l'école. J'ai fait des demandes d'admission en traduction et en techniques de la documentation et j'ai récemment été convoquée à un test d'aptitude en traduction. Si je le passe, je serai admise dans ce programme.

En attendant, je compte suivre la formation lancement d'une entreprise, histoire de rencontrer du monde et d'apprendre de nouvelles choses.

Je dois me donner un grand coup de pied au *&% si je veux aller mieux, je dois changer des choses.

Sinon, je vais reglisser vers la dépression...

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