jeudi 20 mai 2010

En quête d'un diagnostic, 2e partie

Il fallait s'y attendre : ma demande d'évaluation en TDAH a suscité de la surprise ! Bien que très gentille, mon médecin s'est montrée cette fois sceptique. Elle me regardait, l'air de dire : « Toi, avoir le TDAH?! Très peu problable! »

Elle m'a dit :

« Pourquoi tu veux avoir un diagnostic de TDAH ?

- Ben... c'est parce que c'est difficile, pour moi, de garder un emploi, à cause de ça, je pense. Tsé, j'ai perdu mon dernier emploi parce que je faisais trop d'erreurs et pourtant, c'était dans mon domaine... Alors je suis tombée sur les symptômes du TDAH, sur Internet, et je me suis tout de suite reconnue ! En ayant un diagnostic officiel, je pourrais avoir accès à des mesures d'aide à l'emploi....  Je suis déjà allée voir le CLE de ma région, à cause de ça, et ils m'ont dit que je devais avoir un papier officiel du médecin.

- Ok... Ça affecte la vie personnelle, aussi, le TDAH... Et toi, t'es plutôt stable, dans ce domaine, non ?

- Ben, pas tant que ça... Ça m'arrive souvent de vouloir laisser mon chum....

- J'ai connu une femme qui es venue me consulter pour ça. Elle étudiait à l'université et elle avait vraiment des difficultés, dans ses cours. La semaine après qu'elle ait commencé à prendre du Ritalin, ses résultats ont monté en flèche : elle a vu une nette amélioration. Toi, tu n'as jamais eu de difficultés, à l'école, me semble...

- Pas vraiment, mais...

- Tu sais, c'est pas une mince affaire, un diagnostic de TDAH. Je ne peux pas t'évaluer en si peu de temps...

- Je sais, mais si vous pourriez m'aider à faire quelques démarches, aujourd'hui... »

Devant mon insistance,  elle n'a eu d'autres choix que de me prendre au sérieux. Elle m'a donné un document issu du site d'Annick Vincent, une somité en matière de TDAH au Québec. Ce site, je l'ai déjà consulté. Donc, je n'étais pas impressionnée. Dans ce document, il y avait des questions, que mon médecin m'a posées :

« À quelle fréquence as-tu des difficultés à finaliser les derniers détails d'un projet ?
- Souvent.
- À quelle fréquence as-tu du mal à mettre les choses en ordre, lorsque tu dois faire quelque chose qui demande de l'organisation ?
- Quelques fois.
- À quelle fréquence oublies-tu des rendez-vous ou obligations ?
- Rarement mais... c'est parce que je les note partout !
- À quelle fréquence égares-tu des choses ou as-tu de la difficulté à les retrouver ?
- Quelques fois. (Non ! C'est faut ! Souvent, très souvent, même ! Mais je ne sais pas pourquoi, j'ai minimisé mes difficultés...)
- À quelle fréquence as-tu de la difficulté à te détendre ?
- Quelques fois. (Non ! C'est encore faut ! Souvent, pour ne pas dire, toujours ! Mais qu'est-ce qui m'a pris de répondre "Quelques fois" ?!)
- À quelle fréquence termines-tu les phrases de tes interlocuteurs avant que ces derniers...?
- Jamais. (Voyons donc, jamais !)
- À quelle fréquence as-tu de la difficulté à te concentrer sur les propos de ton interlocuteur, même s'il s'adresse directement à toi ?
- Quelques fois. (Encore là, souvent !)

Même dans mes réponses à un questionnaire sur le TDAH, je montre de l'impulsivité ! Ou peut-être est-ce parce que je me sentais influencée par l'opinion de mon médecin, ou que je me sentais pressée. Ah, ça, ça se peut : elle avait l'air vraiment pressée d'en finir ! Et je n'ai jamais bien fonctionné sous pression. Non, moi ça me prend du temps pour faire les choses, pour bien les faire, surtout.

Elle a ajouté :

« J'hésite à te prescrire du Ritalin parce que 1, je ne suis pas sûre que tu aies le TDAH ou que tu l'aies de façon sévère, et 2, parce que c'est à prendre toute la vie, donc, c'est sérieux. Mais je peux toujours t'en prescrire et on verrait si ça change quelque chose...

- Hum...

- Écoute. Je sais ce qu'on va faire : je vais te faire un papier pour que tu prennes rendez-vous avec un psychiatre, et un autre, pour tes démarches d'emploi. Après ça, tu reviendras me voir pour ça, OK ?

- OK, oui ! J'aimerais ça !

- Parfait. »

Sur ce, elle me donna mes fameux papiers, que je m'empressai de ranger soigneusement dans mon sac à main. Ils étaient mes passeports pour une nouvelle vie !

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