mercredi 30 novembre 2011

À la conquête de l'Everest

Il y a de cela quelques mois, j'ai entrepris l'écriture d'un nouveau livre. Mais plus mon projet avance, plus je trouve cela difficile. De m'y atteler, de me discipliner, d'écrire quelque chose... Des auteurs ont déjà dit que pour devenir écrivain, il fallait écrire un minimum de cinq heures par jour. Sinon, même pas la peine d'y penser !

Pour mon premier livre, que je n'ai même pas encore envoyé chez les éditeurs, c'était la même chose. Si bien que mes proches me demandaient :

« Pis, il avance tu, ton livre ? »
« Où en es-tu avec ton livre ? »
« Tu le termines bientôt ? »
« L'as-tu envoyé chez des éditeurs ? »

À chaque fois, je répondais, vaguement, sans grand enthousiasme :

« Ouais... il avance. »
« Oh... J'ai fini d'écrire un chapitre. »
« Je devrais le finir bientôt. »
« Non, je l'ai pas encore envoyé... Il me reste quelques détails à fignoler. »

Ce que je ne disais pas, par contre, c'est que je l'avançais, quoi, de quelques pages par semaine, par mois, que j'avais la nausée juste d'y penser, que j'étais partagée entre l'espoir et le découragement et que je me sentais nulle de ne pas y arriver. Mais j'y suis enfin parvenue. Oui, j'ai finalement terminé d'écrire ce livre car à un moment donné, il faut y mettre un point final.

C'est alors qu'une pensée m'a traversé l'esprit. Écrire un livre, ou entreprendre un long projet, pour quelqu'un qui a le TDAH, c'est comme conquérir l'Everest : c'est long, c'est éprouvant, c'est décourageant. On regarde en haut et on a l'impression qu'on n'y arrivera jamais, notre esprit balance entre le doute et l'espoir, on se demande pourquoi on s'est lancé dans cette aventure, on se dit que ce n'était pas pour nous. On a juste envie de pleurer, tellement l'effort est intense, immense, tellement c'est demandant. On a envie de tout arrêter, même si on est rendu à mi-chemin, de tout abandonner, de faire demi-tour. Les autres regardent notre ascension, suspendus à nos mouvements : Va-t-elle y arriver, trébucher, débouler ? Se relever ou en mourir ? Faire demi-tour et regagner le sol ou atteindre le sommet ? Si oui, quand ? Et là, on sent tous les regards rivés sur nous et ça ne fait que décupler notre peur. On en tremble, on en frissonne, on angoisse et on a peur de décevoir. Si on déçoit, les autres vont nous juger, non ? Et si on y arrive, quelle fierté ! Quel sentiment d'accomplissement ! Quel soulagement !

Alors, par je ne sais quel miracle, peut-être provenant d'en haut, de Lui qui voit tout, sait tout et gère tout, on retrouve la force. Oui, on retrouve l'espoir et une nouvelle énergie nous habite. On se dit qu'arrivé où l'on est, on ne peut pas lâcher, qu'on est bien trop avancé, que si on a fait tout ce chemin, on est capable de continuer. On se remet donc à la tâche et on poursuit notre ascension, petit pas par petit pas, une seconde, une minute, une heure à la fois, et c'est ainsi qu'on avance, c'est ainsi que, progressivement, on atteint notre but. Et peu importe si ça nous prend moins de cinq heures par jour. Car l'important, n'est-il pas d'essayer, d'avancer et de ne pas nous décourager ?

jeudi 3 novembre 2011

Quand une schizo se met à penser !

C'est bien connu : les attentionnels ont des problèmes d'inhibition. C'est peut-être pour cela que je suis incapable de penser dans ma tête, silencieusement. Pour ce faire, je dois toujours être en mouvement ou penser à voix haute. Je m'explique.

Lorsque je dois résoudre un problème ou prendre une décision difficile, dans ma vie, comme une séparation ou décider de l'orientation de ma carrière, je me mets automatiquement en mode « Drive ». Oui, vous savez, cette option de la boîte de vitesse qu'on a tous dans notre auto. Eh bien moi, on dirait que je suis toujours à « Drive ». Pas pour rien qu'on compare le TDAH à une voiture de sport rouge, brillante et qui roule vite... mais qui n'a pas de frein. J'ai rarement de frein, encore moins pour prendre des décisions cruciales.

Dans ces cas-là, je quitte tout ce que je suis en train de faire et l'envie impérieuse de prendre une marche me prend. Je vais donc, de préférence, dans un endroit tranquille et je fais aller mes petites jambes, en même temps que mon ciboulot. On dirait que de cette façon, la machine à penser est plus facile à contrôler et a moins de chances de disjoncter! Là, en scrutant le ciel, les arbres, l'eau et les oiseaux, je me détends, et cette détente se répercute également dans mon cerveau, ce qui me permet d'y mettre de l'ordre.

Ou...

Je prétexte une commission urgente à faire et je saute dans ma voiture et j'emprunte l'autoroute, où défilent mes pensées en même temps que le paysage. Bercée par le ronronnement de mon auto, je me ramollis, ainsi que mes mille et une idées qui me rendent folle ! C'est comme un bébé ou un enfant. Oui, vous savez, quand est à bout de nerfs et d'arguments et qu'on a tout fait pour faire cesser ses pleurs, les parents vous le diront, on essaie la solution ultime : un tour d'auto ! Et là, il se passe quelque chose d'absolument magique : après quelques kilomètres, un doux et apaisant silence s'installe dans l'habitacle et là, en regardant dans notre rétroviseur ou en se tournant vers l'arrière, on lâche un soupir de soulagement en constatant que l'objet de notre impatience... s'est enfin endormi ! Bonheur des bonheurs ! Je suis donc un enfant dans un corps de grande, incapable de me tenir tranquille... à part quand je suis en voiture.

Mais...

À chaque fois que je pense, en marchant ou en conduisant, je dois le faire à voix haute. Je dois avoir l'air d'une vraie schizo, en me promenant et en me parlant toute seule, mais je suis incapable de faire taire cette petite voix que je n'entends pas assez fort dans ma tête, qui ne fait pas assez de bruit, qui a besoin de se faire voir et de se faire entendre. Une voix d'attentionnelle, quoi !