lundi 19 mai 2014

Des chasseurs dans un monde de cueilleurs



Il y a quelques années de ça, je cherchais de l'information sur le TDAH et je suis tombée sur Thom Hartmann, l'inventeur de la théorie du chasseur-cueilleur. Il disait que les attentionnels portaient en eux le gène du chasseur, le DRD4, caractérisé par la recherche de nouveauté et de sensations fortes, la prise de risques et la distraction. Il y a environ 10 000 ans, avant que les cueilleurs ne les supplantent, les chasseurs étaient très répandus et ces caractéristiques les servaient bien. En effet, ils devaient être constamment à l'affût pour trouver leur proie, être impulsifs pour décider de chasser une nouvelle bête, et être prêts à changer d'environnement en cas de disette.

Mais de nos jours, les chasseurs et leurs héritiers seraient en minorité dans notre société, d'où leurs difficultés. Celle-ci serait faite pour un monde de cueilleurs, où chacun doit faire sa tâche toujours de la même manière et toujours au même rythme, jour après jour, avec vitesse et efficacité. Où chacun doit suivre une logique et un ordre, des règles et des directives selon des conventions préétablies. Et gare à ceux qui en dérogent ! À ceux-là, on leur prédit un vilain avenir où ne les attendent qu'échecs et déceptions. On les rejette, ignore, met de côté, rit d'eux, parle dans leur dos, pointe du doigt. C'est la victime d'intimidation à l'école. C'est l'itinérant dans la rue. C'est l'assisté social, l'alcoolique, le drogué, le violent, le prisonnier dans notre société!

Mais selon Thom Hartmann, le chasseur d'aujourd'hui, c'est plutôt le chercheur ou le scientifique qui trouve le remède à une maladie, c'est l'informaticien qui met au point un nouveau logiciel ou l'explorateur qui trouve un nouveau pays ou un nouveau continent. C'est l'entrepreneur qui offre un produit ou un service complètement novateur, c'est l'artiste qui crée une oeuvre sublime et magistrale, bref, c'est celui qui sort du cadre, des sentiers battus, qui emprunte le chemin le moins fréquenté.

J'ai lu cette info et je ne m'en suis plus préoccupée.

 Jusqu'à hier, où elle a refait surface.

 Et là, j'ai eu une épiphanie.

 Je me suis dit : « Mais mon Dieu ! C'est moi, ça ! Je suis une chasseuse dans un monde de cueilleurs! Je suis toujours prête à partir, je regarde toujours autour de moi en quête d'opportunités, je vibre à l'adrénaline, je réagis rapidement et j'ai toujours plein d'idées ! »

Je me suis alors demandée : « La job que je fais, est-ce du type cueilleur ou du type chasseur ? » Les doutes m'ont assaillie et j'ai constaté que j'ai occupé plusieurs emplois de type cueilleur... que je n'ai pas gardés.

J'ai analysé ma vie personnelle et j'ai réalisé que certains de mes passe-temps et fréquentations avaient été, eux aussi, du type cueilleur. Oui, vous savez, ces êtres et ces choses qui demandent temps et patience, qui ont un rythme lent et quasi immobile, qui demandent réflexion et rigueur ? Pas étonnant que j'aie été si déprimée et ennuyée!

J'ai aussi constaté que les moments où je me suis sentie le plus vivante ont été ceux où j'ai été impulsive et pris des risques, où je suis partie à l'aventure et me suis lancée dans la passion !

Oui, je suis définitivement une chasseuse dans un monde de cueilleurs, comme tous les attentionnels, d'ailleurs, et il n'en tient qu'à nous d'en tenir compte si nous voulons réussir et être heureux, peu importe ce que les autres en disent !

samedi 3 mai 2014

La métacognition : un puissant outil pour les attentionnels !



Il y a quelques mois (si ce n'est quelques années), je pensais à ce que je pourrais faire pour gagner ma vie. Mais, ayant une différence de l'attention, les pensées affluaient et se mêlaient dans ma tête, sans lien les unes avec les autres et c'était devenu le foutoir, le capharnaüm, l'anarchie.

Puis, un soir, je me suis installée devant l'ordinateur pour écouter l'une de mes émissions préférées : Attention Talk Radio. Le thème de l'épisode était le pouvoir de la pause.

http://www.blogtalkradio.com/attentiontalkradio/2014/05/01/adhd-the-power-of-the-pause

L'invité, David Giwerc, fondateur et président de l'ADD Coach Academy, parlait de la métacognition et de l'importance de s'arrêter pour prêter attention à ce que l'on pense et à ce que l'on sent, à ce que l'on fait et à ce que l'on dit, dans le but de mieux vivre sa vie. Il suggérait de tenir un journal de ses succès quotidiens et insistait sur le respect de soi.

Plus tard, je suis allée voir la définition dans le dictionnaire : connaissances d'un individu sur ses capacités et ses fonctionnements cognitifs.

Autrement dit, c'est l'art de s'observer, ce qui est très difficile pour moi. J'agis et après, je pense. Je vais trop vite, je n'ai pas de freins.

Mais la métacognition implique justement de s'arrêter pour pouvoir s'observer.

Alors c'est ce que j'ai fait : je me suis observée.

Et là, j'ai fait une découverte stupéfiante ! Je me trompais sur mes forces. Moi qui m'étais toujours considérée comme une bonne lectrice, je ne l'étais pas. Je lis plus lentement que la moyenne et je ne me souviens même pas de ce que je viens de lire!

Je pensais être douée pour les langues : pas vraiment. Je m'exprime mal, j'écoute mal et je ne suis pas très bonne dans les jeux de mots. Lorsque j'écris un texte d'information, je fais souvent des fautes d'inattention et j'exprime mal ma pensée.

Même chose avec les gens : je n'ai aucune habileté sociale. Je m'emporte, j'ai la mèche courte, je parle fort, j'interromps, je n'ai pas de patience, je ne me contrôle pas et je ne sais pas me présenter !

Je ne suis pas bonne avec mes mains non plus : j'ai les doigts plein de pouces et je m'accroche souvent !

Par contre, j'ai réalisé que je pouvais assembler des objets très rapidement, que j'avais de très bons réflexes et que j'avais un sens visuel et esthétique très fort. Lorsque je dois assembler quelque chose, je ne lis pas le texte : je regarde les images ou je manipule !

J'ai le sens du rythme, de la mélodie et je chante fort et juste.

Je suis intuitive, j'ai de bonnes idées et j'ai une bonne vision globale d'un problème ou d'une situation. J'apprends par moi-même et dans la passion, en mettant sur pied des projets qui me font vibrer.

De plus, je suis une chercheuse et une exploratrice, davantage qu'une exécutante. Je suis de type « chasseur» plutôt que de type « cueilleur », comme l'a si bien dit Tom Hartman dans sa thèse du chasseur-cueilleur.

http://www.thomhartmann.com/articles/2007/11/thom-hartmanns-hunter-and-farmer-approach-addadhd

Je chasse dans le sens métaphorique du terme : dans le but de trouver des réponses à mes questions, des solutions à des problèmes ou pour faire avancer l'humanité.

Bref, la métacognition a permis de mieux me connaître !








samedi 29 mars 2014

Le jour où je suis allée voir Divergence


Il y a 2 semaines, en manque de ma dose cinéma, je vais voir Divergence, sans attente particulière.

Bien calée avec mes chips, mes closettes et mon café, j'attends.

Et là, dès les premières secondes, je me fais happer. Par les plans photographiques, par la musique sublime, par la voix hors champ et... par Béatrice, à laquelle je m'identifie tout de suite : une ado ordinaire et timide qui cherche sa place sans la trouver. Et pour cause. Son test d'aptitudes, qui permet d'identifier sa caste, est non concluant. C'est une divergente. Une incontrôlable et une menace pour la société et dont les Érudits, qui cherchent à prendre le pouvoir, veulent se débarrasser.

Personne ne doit donc le savoir. Ses résultats sont trafiqués et on la classe Altruiste.

Mais comme elle a le choix de sa caste, elle choisit les Audacieux, qu'elle a toujours admirés.

Pour le meilleur et pour le pire.

Parce qu'en dépit de son choix, sa vraie nature refait surface, rendant son intégration difficile. Mais déterminée, persévérante et ingénieuse, elle finit par s'y tailler une place, à tel point que ses dirigeants s'en méfient et tenteront de l'éliminer.

Mais 4, l'un des chefs de la faction et ancien Altruiste, impressionné par elle, lui viendra en aide et ensemble, ils empêcheront les Érudits de renverser le pouvoir, changeant la destinée de la société.

Dès le début du film, des larmes coulent sur mes joues. Des larmes de colère et de douleur, mais aussi, de joie et d'espoir. De colère contre le rejet dont j'ai été victime, de douleur pour être celle que je suis, de joie de voir que j'ai des qualités et d'espoir pour constater que ma différence peut être un plus. Comme Béatrice. Et plus le film progresse et plus ma vraie nature m'est révélée. Et plus je l'aime. Mais je l'avais toujours reniée, encouragée par une société qui dénigre la différence.

Désormais, je ne me vois plus de la même façon. Certes, j'ai eu, et j'aurai encore, du mal à affronter la société, mais je pourrai aussi, grâce à ma différence, la faire avancer, à ma manière. À la manière d'une divergente.


mardi 18 mars 2014

Ritalin, Strattera, Concerta, blablabla...





4e médicament que je prends pour mon déficit de l'attention. Après avoir essayé le Ritalin, le Wellbutrin, le Strattera, me voici avec... Tadam ! Le Concerta !

J'ose, j'espère, je souhaite, je me croise les doigts pour que celui-ci fonctionne mais à bien y penser... je n'y crois plus vraiment. Avec chaque molécule, il y a toujours quelque chose qui cloche : pas assez de concentration ou de sommeil, trop agitée, assommée ou impulsive-obsessive-compulsive... C'est décourageant à la fin !

Mettent-ils vraiment quelque chose là-dedans ?!!! C'est à se poser la question... Avec le Ritalin, je me sentais plus agitée, mais je n'étais pas plus concentrée en lisant. Même chose pour le Wellbutrin. Le Strattera? J'en parle même pas ! En plus de ne pas agir sur ma concentration, il m'empêchait de dormir et me faisait sentir un zombie!

Des fois, je me demande si c'est pas l'effet placebo : juste à penser que je prends une pilule, ça fait effet.
Au début, ça l'air d'agir, mais c'est drôle : au bout de quelques jours ou de quelques semaines, paf ! l'effet s'en va.

Il y a une chose, par contre, qu'ils ont en commun : ils me calment. Je fais moins de crises de nerf. Et ça me fait un bien fou, surtout avec mon fils !

Pour ce qui est du Concerta, il me semble agir sur ma concentration. Je dis bien : il me SEMBLE. Car ça ne fait que 2 semaines que je le prends. Mais encore, j'arrive en retard. Encore, je me lève trop tard. Et je suis plus agitée que jamais ! Une vraie queue de vaux ! Mais quand mon fils me parle, je suis là. Je veux dire : vraiment là. Et quand j'ouvre un livre ou le journal, je me souviens de ce que je viens de lire. Et mon moral semble meilleur.

Mais bon... Pour la vraie conclusion... on repassera.


samedi 25 janvier 2014

Analyser son passé pour mieux rebondir

Je l'avoue : j'étais devenue pessimiste. J'avais du mal à faire confiance à l'avenir. Lorsque, comme moi, on a essuyé des échecs plus souvent qu'à son tour, on devient craintif. Je n'osais plus rien, ne risquais plus rien, ne voulais plus prendre de décision. J'en étais certaine : l'échec me pendait au bout du nez.

Mais à bien y regarder, ce n'est pas vrai. J'ai eu mes bons coups, moi aussi. J'ai vécu mes réussites, moi aussi. Je ne suis pas un complet échec.

Alors que faire pour éviter que ça ne se reproduise ? Analyser mon passé pour éviter de répéter les mêmes erreurs. Et même là, l'échec me guette parce qu'essayer implique d'échouer. Mais si on n'essaie pas, on ne réussit pas. On garde le statut quo. Et ça, ce n'est pas dans la nature d'un attentionnel. Il n'y a rien de pire pour nous que de ne rien faire, de ne pas bouger, de ne rien tenter, même si tout nous pousse à le faire.

Par nature, on a besoin de bouger, de risquer, d'oser.

Mais pas n'importe comment.

On a besoin de s'arrêter et de réfléchir à ce que l'on va faire, même si c'est dur.




C'est ce que j'ai décidé de faire pour une fois. J'ai mis ma vie sur pause. J'ai analysé mon passé, avec ses bons coups et ses moins bons. J'ai essayé de cerner mes talents et mes forces, mes défauts et mes faiblesses. J'ai tout mis ça dans un tableau. Et j'en suis venue à la conclusion suivante :

Je dois faire quelque chose de créatif, que je peux faire à mon rythme, à ma façon et qui me passionne. Je suis meilleure dans mes propres projets que dans ceux des autres. Je suis très intuitive et j'apprends mieux par moi-même, en autodidacte, sans m'en rendre compte.

Il y a environ 1 an, je suis tombée sur mon bulletin de maternelle en fouillant dans de vieilles boîtes. Ma prof avait écrit : « A de bonnes idées, est très curieuse, très chercheuse, surtout pour la dramatisation. » Ça m'a jetée par terre.  « J'avais ce talent, moi ??? » Et là, je me suis mise à réfléchir à ma vie, à ce que j'aimais faire comme jeux ou dans mes temps libres : écrire, lire, aller au cinéma, écouter de la musique, inventer des histoires. Leur point commun : les mots. Et toujours, la création. De mondes, de personnages, d'intrigues, d'états d'âmes.

Depuis un bon bout de temps, la création littéraire me hante. Les idées de sujets affluent de façon exponentielle. Je regarde plein de films et lis plein de romans. J'aimerais être plongée dans cet imaginaire à coeur de jour.

Donc, j'ai décidé de me lancer là-dedans.

Non, ce ne sera pas facile. Non, ce n'est pas conventionnel. Oui, je vais me heurter au jugement des gens. Mais il ne faut pas oublier une chose : mon cerveau fonctionne différemment. Alors je dois faire les choses différemment.

Ça se peut que j'échoue, comme ça se peut que je réussisse. Et si j'échoue, je ferai autre chose, car j'aurai appris du passé.

samedi 18 janvier 2014

Pour le bien de mon fils

J'ai dû, quoi... arrêter le Strattera pendant 1 mois, 1 mois 1/2 ? Et pendant cette période, je me suis sentie renaître à la vie, pousser des ailes, vibrer, exaltée, passionnée... et perdre le contrôle de moi-même. Lorsque je me suis vue en train de serrer mon fils par les épaules tout en lui hurlant dessus, je me suis dit : « Bon, là, ça va faire ! Je reprends mes médicaments! ».

Mais ça n'a pas été de gaieté de coeur. Car malgré tous ses bons côtés, le Strattera me fait perdre ma joie de vivre, ma vitalité, mes élans, ma spontanéité, bref, tout ce que j'aime de mon TDAH.

Mais force m'a été de constater que pour le bien de mon fils, je n'ai pas le choix : je dois être médicamentée. Parce que sinon, je ne réponds plus de ma personne. Parce que sinon, je ne suis plus capable de me contrôler et la moindre vétille devient une montagne, la moindre frustration devient une explosion de colère. Mille et une idées m'accaparent : de l'envie de tout foutre en l'air à ce que je veux faire dans la vie et elles détruisent ma routine et les objectifs que je m'étais fixés. Je crie, je hurle, je fais des menaces, lance des objets sur les murs, claque les portes... Je suis l'enfer.

« Est-ce ce genre de mère que je veux être pour mon fils ? », me suis-je demandé.    « Est-ce ce genre de modèle que je veux lui donner ? ». « Et qu'arriverait-il si ma main partait ? Si je lui disais des choses tellement méchantes que ça bousillerait son estime de lui, que ça le déprimerait et lui donnerait envie d'en finir ? S'il devenait comme moi ? ». Ça n'aurait pas de bon sens et j'aurais l'impression d'avoir raté mon rôle de mère
(comme si je n'avais pas raté assez de choses comme ça dans ma vie !).

Alors j'ai repris du Strattera. 80 mg. La dose maximale.

Et depuis, je suis plus calme, plus maître de moi-même, plus disciplinée, plus focus dans mes actions. Mais plus zombie aussi... mais bon, on ne peut pas tout avoir !