vendredi 19 juin 2009

L'art d'avoir l'air folle

Dans l'art d'avoir l'air folle, je dois être dans les meilleures, sinon, LA meilleure ! Oui, il m'arrive, hélas, toutes sortes de situations où je ne donne pas une image disons... très flatteuse de moi.

Hier en est un merveilleux exemple.

Avant d'aller chercher mon fils à la garderie, je vais porter un sac dans la poubelle. En revenant sur mes pas, je me fais «accrochée» par ma propriétaire (J'habite un minuscule 3 1/2... mais plus pour longtemps, hihi !) :

«La poubelle était-tu pleine ?»

Sans réfléchir (comme j'en ai l'habitude), je réponds :

«Oui!»

- Ah bon... le camion à vidanges est pas passé ?

- Euh... oui, mais c'est à soir.

- Ce soir ? Je pensais que c'était à matin.

- Euh... non, d'habitude, c'est le jeudi matin.

- Mais on est jeudi !

- Ah oui, c'est vrai ! Pour dire vrai, je n'ai pas vraiment regardé si la poubelle était pleine...

- Ah ! T'as pas regardé ! Ok !

- Attendez, je vais aller voir !

En ouvrant le couvercle, je vois que la poubelle est effectivement vide.

- Ben oui, elle est vide !



Plus tard, je suis à la garderie pour y prendre mon fils, mais je jase avec sa gardienne avant :

- Comment ça s'est passé ?

- Super bien ! Ce matin, on est allé au parc et William adorait ça, surtout qu'il y avait plein d'amis des autres garderies ! Après, il a tout mangé son dîner mais il a pas touché à sa collation. Il a dormi presque 2h et ça fait pas longtemps que je lui ai changé de couche... Je lui ai mis beaucoup de crème parce que ses fesses... c'est pas beau.

- Je sais, elles sont rouges... Pourtant, je lui change de couche assez souvent.

- Tu peux lui mettre de la farine de maïs : c'est très efficace contre l'irritation des fesses.

- Ok... (Je fronce les sourcils : je ne connais pas ça)

On continue de parler un peu et à la fin de la conversation, je lance :

- Donc, si j'ai bien compris, je lui mets de l'huile de maïs sur les fesses.

- Non ! De la FARINE de maïs ! En poudre.

Elle me regarde d'un drôle d'air, comme si je venais d'une autre planète.

- Ok... Et où je trouve ça ?

- Dans les épiceries.

Avant de m'en aller avec mon fils, je me dis :

«Comme elle doit me trouver tarte!»



Le soir, je discute avec un ancien collègue de classe sur Messenger. On parle de tout et de rien et je lui demande :

«Tu fais quoi, demain ?

- Des boîtes. Je fais toujours des boîtes durant la journée :) (il travaille comme technicien en documentation pour un ministère)

- Des boîtes ? Tu fais encore des boîtes le samedi ? Chez vous ?

- Non...

Je me rends alors compte de mon erreur. Où avais-je la tête, encore ?!

- Scuse ! Je pensais que demain était samedi...

- Hey non !

- J'étais perdue... pour faire changement.

- Pas grave.


Non, ce n'est pas grave d'avoir l'air folle, mais bon Dieu qu'on se sent mal !

jeudi 4 juin 2009

Folle ou... sensible?

Hier soir, mon chum revient du travail, comme d'habitude. Aussitôt que je le vois dans le cadre de porte, je remarque immédiatement son "air bête". C'est plus fort que moi, je ne peux faire autrement. Je lui demande :

"Ça va ?
- Ouais.
- Qu'est-ce qu'y a ?
- J'suis fatigué."

Bon, je peux comprendre qu'il soit fatigué avec ses trois jobs. Mais pour moi qui passe ses journées avec un bébé à faire des "gougougagas" et qui est enfin contente de parler à un adulte, le soir, c'est frustrant. Surtout qu'il me fait cette face là trop souvent à mon goût.

Il s'assoit comme d'habitude devant la télé et la fixe, muet, sombre et renfermé. N'en pouvant plus, je soupire. Alerté par mon comportement, il dit :

"Quoi ?
- Je suis tannée que tu aies l'air bête, en arrivant ici.
- J'avais pas l'air bête.
- Ça paraît que tu t'es pas vu la face !
- Bon ! Encore la scène à soir ! T'es à veille d'être "patchée", c'est ça ?
- Pourquoi faut que je sois à veille d'être "patchée" pour vouloir un sourire ?!!!
- Il faudrait que je saute au plafond, peut-être, comme un mongol ?!
- Ben là, p'tête pas mais au moins, tu pourrais sourire...
- T'as ben l'air bête, toi, quand j'arrive !
- Parce que tu l'as, toi !
- Tu cherches à avoir raison là, hein ?
- Non, je veux juste avoir quelqu'un de bonne humeur ! J'étais contente de te voir mais là, quand je t'ai vu la face, ça m'a déprimé ben raide.
- T'aurais pu me demander ce que j'avais!
- Ben je te l'ai demandé, aussi !!!
- Pis qu'est-ce que j'ai répondu ?
- Que t'étais fatigué !
- Bon...
- T'es peut-être fatigué mais mais semble que je demande pas la lune, avec un sourire !!!
- Va te faire soigner, t'as un problème !

Ah ! J'ai un problème de vouloir que mon chum sourie ! Elle est bonne celle-là ! Il est vrai que nous, les attentionnels, sommes reconnus pour être de grands hypersensibles. C'est pourquoi nous faisons preuve d'une empathie exceptionnelle et que nous "sentons" des choses que les autres ne "sentent" pas. Mais est-ce de la folie ? Ou de la sensibilité ? Et une telle folie (ou sensibilité) peut-elle être une bonne chose, finalement ? Oui, si les gens étaient plus sensibles aux autres au lieu d'être concentrés sur leur petit nombril, il y aurait sûrement moins de déprimés et de suicidaires.

Encore une fois, la sensibilité, ou la folie selon certains, est mal vue. On la regarde comme une bête rare, on l'évite, on ne veut surtout pas la voir, elle dérange trop. Oui, la sensibilité est mal vue, de nos jours. Elle porte un coup à ce monde froid, calculateur, nombriliste, pensant juste à l'argent. Elle amène à regarder ses tares, ses travers et le pire de tout, ses sentiments, qu'on veut fuir, car ceux-ci font sans doute trop mal. Elle amène les gens à se remettre en question et ça, il ne le faut surtout pas. Trop dur, trop compliqué, on veut dominer, détenir le pouvoir. On préfère continuer à courir comme des poules pas de tête, quitte à foncer dans un mur.