Dans le temps des Fêtes, mes parents, mon chum, mon fils et moi sommes allés à Montréal, voir ma parenté.
Dans l'auto, Michel me demande :
- As-tu amené les souliers du petit ?"
- Euh... non...
- ... (air de mécontentement)
- De toute façon, ils sont trop petits.
- Trop petits ! Me semble, ouin...
Il faut bien que je trouve une excuse à ce geste honteux ! Mes parents ne disent rien, en fins diplomates qu'ils sont. On ne reparle pas de ça de tout le trajet et le voyage s'avère, somme toute, assez agréable.
On arrive enfin à la soirée. 4h de route dans le corps, c'est long ! On fait les salutations d'usage, on se déshabille et on se mêle à la foule ! Au menu, un buffet.
Au moment de souper, mon chum me lance :
- Vas-tu aller chercher de la bouffe pour Willi ?
- Ok !
Je me dirige vers le buffet avec mon assiette et je me place dans la file d'attente. Le cuisinier me demande quelle cuisson je veux pour ma viande. L'eau me dégouline à la bouche. J'ai faim ! Je n'ai qu'une idée en tête : manger ! Je me sers de la salade, une patate au four, des légumes, toute éblouie par cette nourriture.
Je retourne à ma table.
Mon chum s'amène et m'assomme d'un :
- T'as pas pris une assiette pour Will ?
- Ben je pensais le servir à partir de mon assiette !
Il soupire de découragement, et continue :
"Vas-tu lui donner un biberon avant ?"
Toutes ses questions commencent à me tomber royalement sur les nerfs! et, me sentant bombardée, je ne sais que dire, ne pouvant prendre de décisions sur le champ. Il vient de me rendre indécise.
Impatient, il part avec Will. Il va rejoindre mon père.
Honteuse, je me jette dans la nourriture, pour me réconforter.
Plus tard, mon père s'amène doucement :
- Lui donnes-tu un biberon avant de le faire manger ?
- Ok... Est-ce qu'il y a du lait à la cuisine ?
- Je ne sais pas.
- Je vais aller voir.
Je vais voir à la cuisine. Rien. Je demande alors à une de mes tantes; il y en a deux pintes dans le frigidaire.
Je retourne à ma table pour finir mon assiette, comme si de rien n'était.
Mon père revient :
- Est-ce qu'il y a du lait ?
- Oui...
- Vas-tu chercher son biberon ?
- Ok...
C'est bizarre : il faut tout me dire, ce soir-là. C'est comme si je suis trop stimulée par tout ce bruit, toutes ces personnes et que je n'arrive pas à faire ce qu'il faut faire.
Je reviens à ma table avec le biberon.
Mon père se pointe de nouveau :
- Je n'ai pas vu de lait.
- As-tu regardé dans le frigidaire ? Il paraît qu'il y en a deux pintes.
- Non... Ok, j'y retourne.
- Ok.
Il va remplir le biberon de lait et je finis de manger.
Je me sens de plus en plus mal-à-l'aise : s'il faut que tous ces gens aient remarqué mon comportement, ils vont bien penser que je suis une mauvaise mère ! J'ai juste envie de rentrer dans le plancher !
J'entends alors la voix de Michel, dans mon dos :
- Es-tu allé chercher une assiette pour Will ?
- Ben non ! Je pensais que tu avais décidé de t'en charger, finalement !!!
- Je vais y aller, d'abord !!!
Je peux voir la fumée sortir de ses oreilles. Je me détourne, les larmes aux yeux. Ce qu'il peut m'énerver, lui !!! On dirait qu'il a encore mangé de la vache enragée, aujourd'hui !!! Quelle belle soirée ! Wow !
Trop tôt à mon goût, il me lance :
- As-tu apporté des bavettes ?!
Je regarde derrière moi et je le vois, assis à côté de mon père, en train de nourrir Will.
- Non...
J'ai d'autant plus honte que mon père est témoin de tous mes oublis... lui, homme de tête, de droiture, rationnel et scientifique.
Pourquoi j'oublie autant de choses, aussi ??? C'est décourageant, à la fin !!! Mais où donc ai-je la tête ?!!
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