C'est bien connu : les attentionnels ont des problèmes d'inhibition. C'est peut-être pour cela que je suis incapable de penser dans ma tête, silencieusement. Pour ce faire, je dois toujours être en mouvement ou penser à voix haute. Je m'explique.
Lorsque je dois résoudre un problème ou prendre une décision difficile, dans ma vie, comme une séparation ou décider de l'orientation de ma carrière, je me mets automatiquement en mode « Drive ». Oui, vous savez, cette option de la boîte de vitesse qu'on a tous dans notre auto. Eh bien moi, on dirait que je suis toujours à « Drive ». Pas pour rien qu'on compare le TDAH à une voiture de sport rouge, brillante et qui roule vite... mais qui n'a pas de frein. J'ai rarement de frein, encore moins pour prendre des décisions cruciales.
Dans ces cas-là, je quitte tout ce que je suis en train de faire et l'envie impérieuse de prendre une marche me prend. Je vais donc, de préférence, dans un endroit tranquille et je fais aller mes petites jambes, en même temps que mon ciboulot. On dirait que de cette façon, la machine à penser est plus facile à contrôler et a moins de chances de disjoncter! Là, en scrutant le ciel, les arbres, l'eau et les oiseaux, je me détends, et cette détente se répercute également dans mon cerveau, ce qui me permet d'y mettre de l'ordre.
Ou...
Je prétexte une commission urgente à faire et je saute dans ma voiture et j'emprunte l'autoroute, où défilent mes pensées en même temps que le paysage. Bercée par le ronronnement de mon auto, je me ramollis, ainsi que mes mille et une idées qui me rendent folle ! C'est comme un bébé ou un enfant. Oui, vous savez, quand est à bout de nerfs et d'arguments et qu'on a tout fait pour faire cesser ses pleurs, les parents vous le diront, on essaie la solution ultime : un tour d'auto ! Et là, il se passe quelque chose d'absolument magique : après quelques kilomètres, un doux et apaisant silence s'installe dans l'habitacle et là, en regardant dans notre rétroviseur ou en se tournant vers l'arrière, on lâche un soupir de soulagement en constatant que l'objet de notre impatience... s'est enfin endormi ! Bonheur des bonheurs ! Je suis donc un enfant dans un corps de grande, incapable de me tenir tranquille... à part quand je suis en voiture.
Mais...
À chaque fois que je pense, en marchant ou en conduisant, je dois le faire à voix haute. Je dois avoir l'air d'une vraie schizo, en me promenant et en me parlant toute seule, mais je suis incapable de faire taire cette petite voix que je n'entends pas assez fort dans ma tête, qui ne fait pas assez de bruit, qui a besoin de se faire voir et de se faire entendre. Une voix d'attentionnelle, quoi !
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