Des fois, je me demande : Et si les livres étaient des histoires d'amour ?
Il y a quelques mois de cela, j'ai démarré un autre projet d'écriture. Un roman, cette fois. Super idée, la motivation y était, j'étais toute excitée, toutes les conditions étaient réunies. La première journée, je prends des notes, les idées coulent à flot, tout beigne. La deuxième, je suis sur ma lancée, une vraie fusée. Les jours suivants, c'est une avalanche de mots qui déferle sur le papier, je suis sur un élan pas possible. Une dizaine de pages plus tard, toujours aussi gonflée. Puis un jour, je me lève, je veux continuer mais... le goût n'y est pas. Les personnages sont bien définis, l'intrigue aussi, le décor est planté et j'ai commencé à raconter. Je bloque. Je ne sais plus quoi faire. La ferveur n'y est plus. La routine se fait sentir et je déteste. Je me force, je jette des mots sur le papier, mais le tracé n'est plus aussi vif, aussi assuré. Je continue quand même parce que je suis insécure. Je n'aime pas le vide, l'incertain, l'absence, il me faut remplir tout cela au plus vite. De n'importe quoi, sauf du vide. La page blanche, pas capable.
J'aime ce qui est nouveau, original, qui sort de la masse, qui se démarque et j'ai des idées. Mais quand j'ai sorti l'idée, que je l'ai caressée, que je l'ai tenue au bout de mes doigts, que je l'ai faite mienne, je m'en désintéresse. Je l'ai prise pour acquise et elle a perdu ses couleurs. Elle ne brille plus, ne m'enchante plus, ne me subjugue plus. J'ai juste envie de la laisser et de l'abandonner. Et je l'abandonne. Comme j'ai fait pour mon premier livre.
Mais pour combler ce manque, je me jette dans un autre projet, dans une autre écriture, à tête et à corps perdus. Comme un accro à la drogue, je dois prendre ma dose. Sinon c'est le délire. Un nouveau feu couve en moi, une nouvelle passion prend vie et je ne porte plus à terre pendant des jours... jusqu'à ce que la réalité me rattrape. Jusqu'à ce que je retombe sur terre et que je me rende compte de l'ampleur de la tâche. De tout ce qu'investir implique. Des sacrifiques que l'on doit faire, de la liberté coupée et des tourments qui n'en finissent plus. Alors je prends la clé des champs et j'abandonne à nouveau. Comme je l'ai fait pour mon deuxième livre.
Puis la culpabilité me gagne. Une voix me dit : « T'es juste une salope, une pas fiable, une enfant dans un corps de grande. Tu aimes t'amuser et quand ça devient sérieux, tu fuis, tu prends les jambes à ton cou. T'aimes pas les efforts et pourtant... les efforts rapportent. Ils te donnent de la fierté, ils te font grandir, ils te donnent de la valeur. Mais toi, tu t'en fous, c'est toujours à recommencer. Le travail te fait peur, tu la veux facile. Mais rien n'est facile dans la vie. Pour arriver là où on veut arriver, faut travailler à la sueur de son front, ne jamais lâcher, ne jamais abandonner, même si c'est dur, même si c'est décourageant. »
Alors je me replonge dans mon premier coup de foudre, et la passion se réinstalle, petit à petit, au fur et à mesure que je me rénvestis... jusqu'à ce qu'une autre idée m'allume, m'interpelle, m'emballe, me prenne aux tripes. Comme pour les deux premières, je recommence le même processus... jusqu'à ce que je me remette à penser à mon deuxième manuscrit, que j'ai laissé tomber si cruellement, si injustement, sans l'ombre d'un avertissement. Ma petite voix refait des siennes et je retourne vers lui.
Toujours, et toujours, comme si un livre, c'était un amour.
2 commentaires:
Lâche pas Véro!!! Moi aussi j'ai l'impression de livrer toujours ces combats difficiles et comme tu le dis si bien, tout est toujours à recommencer... Des fois j'ai l'impression que je vis un sabre à la main et que je mourrai avec ce sabre à la main.
Que de gros mots à ton égard!! Non! Non! Sois indulgente envers toi-même. Prends soin de toi... mais tout en travaillant quand même! On voudrait tous se la couler douce tu sais! Mais on a beaucoup de satisfaction dans le travail aussi! S'accomplir! Quel bonheur!
Enregistrer un commentaire