Bien que je me sois beaucoup améliorée dans l'art de gérer la paperasse, j'ai encore du chemin à faire.
Prenez ce matin, par exemple.
Je vais à l'hôpital avec Will parce que sa toux n'arrête pas d'empirer, malgré les multiples antibiotiques, pompes et eaux salines que je lui injecte depuis 1 mois et demie. Je n'adhère pas à la théorie des médecins, comme quoi ce n'est qu'un vieux rhume qu'il traîne. Moi, dans ma tête, un rhume, ça dure deux semaines. Si ça traîne, c'est parce qu'il y a anguille sous roche. Et ce matin, je suis vraiment déterminée à l'attraper, cette maudite anguille !
Je vais donc à l'hôpital avec sacoche, DS, jeux et bouteille d'eau, mes indispensables.
Arrivée dans le stationnement, j'appuie sur le fameux bouton de la barrière, vous savez, celui qui est toujours trop loin pour notre bras trop court et qui nous oblige à sortir de la voiture pour réussir à appuyer dessus. Ce jour-là, la chance doit être de mon bord parce que je réussis à l'atteindre du premier coup. Youpi ! Je mets mon ticket dans le porte-bouteille et vais me stationner. Puis, je le fourre dans une poche de mon jeans et m'assure que j'ai mes indispensables (incluant Will, bien sûr!) avant de me diriger vers l'accueil.
Rendue dans l'entrée, j'apprends qu'en plus du traditionnel lavage des mains et du masque qu'il faut porter, il faut maintenant passer le dessous de nos bottes sur une machine nettoyante. La belle affaire! Moi et Will, on tente de garder notre équilibre tout en prenant la pose du pélican...
Ensuite, on entre dans l'hôpital et j'appuie sur un écran pour avoir mon billet de triage. On va s'asseoir et on enlève sacoche, tuques, manteaux, cache-cou, mitaines (ah ! les joies de l'hiver!), je sors le DS du sac et la bouteille d'eau de l'autre. Mais après seulement quelques secondes, on est appelé. Je ramasse en vitesse sacoche, tuques, manteaux, cache-cou, mitaines, DS et bouteille d'eau, les enfonce dans les manches des manteaux et on file vers la salle de triage. Le triage, c'est toujours rapide, que je dis à Will. C'est après que ça se corse...
On n'a pas sitôt mis les pieds dans la salle que l'infirmière me demande notre billet et les cartes d'hôpital et d'assurance-maladie de Will. J'accroche nos manteaux sur le crochet de la porte, derrière moi, pose le sac à bouteille d'eau sur la table. Je sens son regard sur moi et me débats avec ma sacoche pour en extirper cartes et billet. Envoye! Grouille ! que je me dis à moi-même. La madame attend après toi ! Après plusieurs secondes de farfouillage, qui me semblent interminables, je les lui tends.
Puis, elle me demande ce qu'il se passe, prend la pression artérielle de Will, le fait monter sur une balance et lui insère un thermomètre dans le derrière. Il fait 38,2 de fièvre. (Moi, j'ai arrêté de la prendre parce que quand je le fais, le nombre affiché n'est jamais le même : 36,6, 37,1, 38,9, et de nouveau 36,6... C'est à devenir dingue ! Je ne dois pas avoir le tour...) Puis, elle me pose les sempiternelles questions: Depuis combien de temps votre fils a ces symptômes ? A-t-il des allergies? A-t-il déjà pris des pompes ? Y a-t-il certains médicaments qu'il ne peut pas tolérer? Très bien, allez vous inscrire et assoyez-vous dans la salle d'attente.
Je ramasse mes affaires (j'en ai tellement que j'ai l'impression de transporter la maison au complet), on va au secrétariat pour s'inscrire et on va s'asseoir. J'empile ma sacoche et nos manteaux à côté de moi, ressors la bouteille d'eau et le DS et les tends à Will. Il les ouvre et se met à jouer. À ma grande surprise, le médecin nous appelle au bout de quelques minutes. Il faut dire qu'en ce lundi matin, il n'y a pas grand-monde... On remballe sacoche, DS, manteaux et bouteille d'eau. Direction : bureau du médecin.
On entre et je lui résume les six dernières semaines. Il écoute la respiration de Will au stéthoscope, examine sa bouche et ses oreilles et décide de lui faire passer une radiographie des poumons et des bronches. C'est pas trop tôt, que je pense. Il me tend une feuille bleue.
On va au département d'imagerie médicale, je leur remets la feuille et attends, Will pleurant à chaudes larmes à mes côtés. C'est que le médecin est allé un peu fort en examinant ses oreilles... Là encore, on ne nous fait pas attendre longtemps, ça doit être mon jour de chance, tout semble bien aller... Il passe sa radio et on va avertir la secrétaire. Elle nous dit de retourner nous asseoir.
Je remets ma sacoche, les manteaux et la bouteille d'eau à côté de moi, sors le DS et Will se re-remet à jouer. Puis, le médecin nous appelle encore une fois. On remballe sacoche, manteaux, DS et bouteille d'eau et on entre dans son bureau. Ses poumons sont beaux, mais il a une hypertrophie des végétaux. Traduction : va falloir lui enlever les amygdales. Il va communiquer avec un spécialiste et on devra attendre qu'il nous appelle... après les Fêtes. Il me donne une prescription et on ressort du bureau.
On retourne dans la salle d'attente, on s'habille et j'enfonce ma main dans la poche de mon jeans. Ouf, mon billet est encore là. On se dirige vers le bidule de paiement, j'insère mon billet : 4,75$. Je donne 20 $, prends le change, presse sur un bouton pour avoir mon reçu et le mets dans une poche de mon manteau. On va dans l'entrée et Will me dit qu'il faut se relaver les mains. Je lis le panneau : Veuillez vous laver les mains en arrivant et en quittant. Pour avoir l'air d'une bonne mère, j'obéis. Puis, on sort dans le stationnement, on va vers l'auto au pas de course (il doit bien faire - 30 dehors, vive le Québec !) et on s'y engouffre.
Je démarre, retourne vers la barrière et sors le billet que j'ai dans ma poche. Je l'insère. La barrière ne s'ouvre pas. Quoi ?! Mais qu'est-ce qu' il se passe ! Je le réinsère. Même chose. Évidemment, c'est à ce moment-là qu'une auto arrive derrière moi. Pour avoir la paix, je fais demi-tour et vais me stationner dans un coin.
- C'est le stationnement des médecins, fait remarquer Will.
- Je m'en fous.
C'est alors que je réalise que c'est mon reçu que j'avais tenté de faire entrer dans la fente de la machine à barrière.
- Mais où est-ce que j'ai mis mon maudit ticket ? Bon, je vais aller voir en-dedans. Bouge pas, je reviens tout de suite.
J'entre à nouveau dans l'hôpital en évitant de regarder les gens (j'ai pas envie qu'ils me reconnaissent et qu'ils se demandent pourquoi je suis revenue) et me dirige vers la première employée que je vois, lunettes embuées.
- J'ai pas mon ticket pour sortir du stationnement. Qu'est-ce que je fais ?
- Allez voir l'agent de sécurité, qu'elle me répond avec un air bête.
Je fonce vers l'agent et lui explique ma situation. Il se retourne, prend un objet sur le bord de son bureau et me le tend. Un billet. Le mien.
- Oh, merci !
Un peu plus et je l'embrasse !
Je me rue vers la sortie, cours dans le stationnement (pourvu que l'auto ne se soit pas fait remorquer avec Will dedans ou qu'il ait décidé d'en sortir ou qu'un véhicule l'ait percuté!) et pousse un soupir de soulagement en voyant que mon auto est toujours là, intacte, et Will avec.
- Yeah ! Je l'ai ! que je crie d'un ton victorieux en embarquant et en brandissant le précieux objet devant Will. Il me regarde d'un drôle d'air, je démarre et me dirige vers la barrière.
J'insère mon ticket dans la fente et... bonheur des bonheur ! Elle s'ouvre !
Dans ce blogue, vous en apprendrez davantage sur le TDAH (trouble déficitaire de l'attention avec/sans hyperactivité), qui est, à mon avis, plus une différence qu'un déficit. À travers mon quotidien d'attentionnelle et sous forme de chroniques, je vous ferai découvrir un univers bien particulier, que partagent seulement 4% des gens.
lundi 19 décembre 2016
dimanche 18 décembre 2016
Mon fils, Asperger de haut niveau ?
Mon fils a toujours été spécial, c'est certain. Mais de là à recevoir l'étiquette
« Asperger de haut niveau », il y a un monde.
C'est pourtant ce que la psychologue de son école pense.
Comme j'éprouvais des difficultés avec Will à la maison, j'avais décidé d'aller consulter. Après plusieurs mois, la psychologue scolaire me contacte enfin. Elle me dit qu'elle l'observera au cours des prochaines semaines. Puis, elle m'envoie un questionnaire de plusieurs pages que je dois remplir. Ce que je fais.
Quelques jours après l'avoir reçu, elle me donne rendez-vous pour en discuter. Je me rends à cette rencontre, anxieuse et curieuse à la fois.
Elle me demande de décrire les difficultés que je vis avec Will et me fait part de ses observations. Elle trouve que Will ne regarde pas assez les autres enfants. Qu'il ne manifeste pas d'émotions. Qu'il est toujours d'humeur égale. Que pendant que camarades s'excitent, lui, il ne réagit pas. Ne va pas vers eux. Ne leur parle pas.
Ensuite, elle me communique ses résultats aux tests d'aptitudes. Il est dans la moyenne pour tout, à part pour l'aspect verbal, où il est dans la moyenne supérieure. Elle trouve son raisonnement spécial, surtout en mathématiques. Sa motricité fine est plutôt mauvaise, ce qui est surprenant, vu ses capacités mentales élevées.
Je lui dis que Will peut regarder ou entendre quelque chose une fois et il l'enregistre pour toujours. Pas besoin de le lui répéter. C'est comme s'il prenait une photo dans sa tête. Qu'il savait jouer aux échecs à 4 ans. Qu'il s'attarde à des détails qui, pour moi, sont sans importance. Qu'il n'a qu'un intérêt : les jeux vidéo.
Et là, elle m'assène son verdict : mon fils serait Asperger de haut niveau. Mais pour en être sûr, il faudrait le faire évaluer en pédo-psychiatrie. Dans ce département, ils offrent aussi des ateliers d'habiletés sociales, qui seraient, selon elle, profitables à Will. Elle me demande mon consentement. J'accepte. Je ferais n'importe quoi pour lui.
Je lui demande d'où ça vient. Le Syndrome d'Asperger, je veux dire. Elle dit que ça proviendrait de plusieurs facteurs, dont l'hérédité et une bactérie dans les intestins. Les chercheurs ne le savent pas trop encore.
Mais je ressors de là ébranlée, sonnée. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Je ne m'attendais pas à ça. Et j'ai des doutes. Oui, Will est intelligent. Oui, il a du mal à gérer sa colère. Oui, ses intérêts sont restreints. Oui, il a des difficultés sociales. Mais ça vient peut-être de moi, tout ça. Parce que je lui ai parlé et raconté des histoires tôt. Parce que je suis souvent devant l'ordi. Parce que je suis sauvage et solitaire. Parce que je peux faire de grosses crises de colère. Parce que je m'ennuie facilement.
Oui, ça doit venir de moi. Surtout quand on sait que les attentionnels peuvent aussi avoir le syndrome d'Asperger...
« Asperger de haut niveau », il y a un monde.
C'est pourtant ce que la psychologue de son école pense.

Quelques jours après l'avoir reçu, elle me donne rendez-vous pour en discuter. Je me rends à cette rencontre, anxieuse et curieuse à la fois.
Elle me demande de décrire les difficultés que je vis avec Will et me fait part de ses observations. Elle trouve que Will ne regarde pas assez les autres enfants. Qu'il ne manifeste pas d'émotions. Qu'il est toujours d'humeur égale. Que pendant que camarades s'excitent, lui, il ne réagit pas. Ne va pas vers eux. Ne leur parle pas.
Ensuite, elle me communique ses résultats aux tests d'aptitudes. Il est dans la moyenne pour tout, à part pour l'aspect verbal, où il est dans la moyenne supérieure. Elle trouve son raisonnement spécial, surtout en mathématiques. Sa motricité fine est plutôt mauvaise, ce qui est surprenant, vu ses capacités mentales élevées.
Je lui dis que Will peut regarder ou entendre quelque chose une fois et il l'enregistre pour toujours. Pas besoin de le lui répéter. C'est comme s'il prenait une photo dans sa tête. Qu'il savait jouer aux échecs à 4 ans. Qu'il s'attarde à des détails qui, pour moi, sont sans importance. Qu'il n'a qu'un intérêt : les jeux vidéo.
Et là, elle m'assène son verdict : mon fils serait Asperger de haut niveau. Mais pour en être sûr, il faudrait le faire évaluer en pédo-psychiatrie. Dans ce département, ils offrent aussi des ateliers d'habiletés sociales, qui seraient, selon elle, profitables à Will. Elle me demande mon consentement. J'accepte. Je ferais n'importe quoi pour lui.
Je lui demande d'où ça vient. Le Syndrome d'Asperger, je veux dire. Elle dit que ça proviendrait de plusieurs facteurs, dont l'hérédité et une bactérie dans les intestins. Les chercheurs ne le savent pas trop encore.
Mais je ressors de là ébranlée, sonnée. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Je ne m'attendais pas à ça. Et j'ai des doutes. Oui, Will est intelligent. Oui, il a du mal à gérer sa colère. Oui, ses intérêts sont restreints. Oui, il a des difficultés sociales. Mais ça vient peut-être de moi, tout ça. Parce que je lui ai parlé et raconté des histoires tôt. Parce que je suis souvent devant l'ordi. Parce que je suis sauvage et solitaire. Parce que je peux faire de grosses crises de colère. Parce que je m'ennuie facilement.
Oui, ça doit venir de moi. Surtout quand on sait que les attentionnels peuvent aussi avoir le syndrome d'Asperger...
samedi 17 décembre 2016
L'art de s'attirer les foudres
Comme je dis et fais des choses qu'il ne faut pas, il m'arrive souvent de m'attirer les foudres des gens. Ça me fait penser à la semaine dernière, lorsque je suis allée à la clinique médicale pour consulter un énième médecin pour mon fils qui n'arrête pas de tousser (ils disent qu'il n'a rien mais ça ne fait qu'empirer. Ils ont tu pris leur diplôme dans une boîte de céréales, cou donc ?! Bon, je m'égare...)
Donc, je vais à la clinique médicale pour la troisième fois en un mois... Comme je sais que l'attente est longue, je décide d'amener le Nintendo DS pour occuper Will. Après être allé à la réception, on va s'assoir dans la salle d'attente, qui est déjà bondée. Il est 8h45 (la clinique est supposée ouvrir à 8h30 mais ça l'air qu'ils ouvrent les portes à partir de 8h10...) Autour de nous, une mère et sa fille étendue de travers sur la chaise, des personnes âgées qui potinent et une mère qui essaie de contenir sa petite fille agitée qui coure dans la clinique et qui entre en coup de vent dans les bureaux des médecins... Quelques minutes après notre arrivée, je sors le DS et le tend à Will, qui le saisit aussitôt. Il l'ouvre et se met à jouer à Mario Bros (mais ne me demandez pas lequel...)
Quand il perd une partie, Will me tend l'objet, et je joue à mon tour (j'aime bien les jeux vidéo...) Après je ne sais combien de temps, Will décide d'ouvrir la caméra et de nous filmer. Je me prête au jeu, faisant des grimaces et des sourires.
C'est à ce moment-là que la petite fille agitée surgit devant nous. Elle prend les quelques chaises vides qui se sont libérées à la suite du départ de certains patients et les déplace un peu partout dans la salle d'attente... Sa mère est assise à côté et la laisse faire. Will trouve ça drôle et décide de la filmer. Il me la montre et éclate de rire. Je regarde l'écran et je souris. La petite fille entre dans le bureau d'un médecin, qui est situé juste en face de nous, et Will la suit avec sa caméra. Je lève les yeux et croise le regard de sa mère.
- Arrêtez de filmer, m'ordonne-t-elle. C'est un manque de savoir-vivre.
Will arrête sa caméra et je ne dis rien. À l'intérieur de moi, je fulmine : « Mais pour qui elle se prend, celle-là ?! C'est juste un enfant qui voulait passer le temps ! » Elle et moi, on se dévisage pendant plusieurs secondes, des éclairs dans les yeux.
- Non mais ça se peut tu, filmer les gens comme ça ! Il y en a qui ont vraiment pas d'allure !
- Ouin pis y'en a qui laissent leur enfant faire n'importe quoi ! que je renchéris. Aie ! Entrer dans les bureaux des médecins pis mettre toute la clinique à l'envers !
- Y en a qui sont vraiment malades ici ! Qui ne sont pas là pour s'amuser !
Je me dis en dedans de moi : « Qu'est-ce que vous pensez que votre fille faisait tantôt ? » Mais je ne dis rien parce que tous les regards sont braqués sur moi et que je n'ai pas envie qu'ils en rajoutent.
La petite fille se fait appeler par le médecin et sa mère et elle entrent dans son bureau. Lorsqu'ils en sortent, la mère se plante devant moi :
- J'aimerais que vous effaciez la vidéo. Ça ne se fait pas, filmer les gens. C'est un manque de savoir-vivre.
- Inquiétez-vous pas, que je lui rétorque. On n'a pas l'intention de mettre ça sur Facebook.
_________________
Ça me fait penser à cette autre fois où j'étais allée au McDo avec Will. On avait fini de manger et il jouait dans les jeux. Anxieuse que je suis, j'étais montée dans le module pour voir comment ça se passait. Will était à l'intérieur d'un tuyau avec un petit garçon.
Sa maman arrive :
- Viens, on s'en va ! qu'elle lui dit.
Will bloque le passage du petit garçon.
- Sors de là, Will ! que je dis à mon fils.
Mais il ne bouge pas. Il se contente de me fixer en souriant.
- Allez, Will ! Le petit garçon veut sortir : laisse-le passer !
Il ne réagit toujours pas.
- Laisse-le passer ! dit la maman à mon fils. Il doit s'en aller.
Mais Will n'obéit pas.
Je fais un sourire moqueur à la mère. C'est ma façon d'évacuer mon malaise.
- Ça peut tu, être paresseux de même ! qu'elle lance.
- Vous êtes pas gênée de parler de mon fils comme ça !
- Je ne parlais pas du fils!
Elle entre alors dans le tunnel et tire son garçon par le bras.
Quand je repense à ces événements, je réalise que oui, j'aurais dû agir autrement. Mais ça l'air que j'ai l'art de m'attirer les foudres...
Avoir l'air d'une extraterrestre
Il m'arrive souvent d'être distraite au point d'avoir l'air d'une extraterrestre. Prenez l'autre jour, par exemple.
Comme à presque tous les matins où je suis pressée, ce matin-là, je cherche une mitaine (quand ce n'est pas ma tuque, mon foulard, mon sac à main, mes clés... bref, vous voyez le portrait). Farfouille ici, farfouille là, je sens la panique me gagner au fur et à mesure que le temps file et que je n'arrive pas à mettre la main sur le fameux objet. Je regarde entre deux barreaux d'escalier (où j'ai pris l'habitude de mettre mes choses), sur la tablette et le plancher de la garde-robe, dans les manches de mon manteau, sur le piano, les comptoirs, les tables et les fauteuils... rien. Pas de mitaine. En plus, je suis frileuse et il fait un froid sibérien. Ahhhhhhhh ! Tant pis, plus le temps de chercher, je sors dehors.
Je débarre les portes de l'auto, la fais démarrer, enlève la neige qui s'est accumulée dessus et démarre (peut-être pas dans cet ordre-là mais ça, c'est une autre histoire). Je vais porter Will à l'école et je me dirige vers mon resto préféré, où je prends un café en lisant le journal. C'est ma petite routine quotidienne et j'y tiens mordicus (je dois être Asperger sur les bords. D'ailleurs, les attentionnels peuvent aussi avoir le syndrome d'Asperger et les Asperger, le déficit de l'attention... Tiens, ça me fait penser... mais je m'égare. J'en parlerai dans un autre message)
En sortant de l'auto, je remarque que ma tête a une drôle de forme. Conique. Comme celle d'un extraterrestre. « Wow ! Qu'esssé ça ? » que je me demande. Je tâte le bout de ma tuque mais je n'y trouve rien d'anormal. Tant pis. J'entre dans le resto arrangée de même.
Je me dirige vers ma table habituelle, celle qui est séparée des autres par un panneau en verre (j'aime bien être au calme et à l'écart. Je l'avoue, je suis un peu sauvage). J'enlève une mitaine. Puis mon manteau. Et enfin, ma tuque. Quelque chose en tombe: mon autre mitaine ! Elle était restée coincée dans le fond depuis le matin, d'où ma tête en forme de cône !
Mais attendez : ce n'est pas fini.
Plus tard, cette journée-là, mon portable dans une main, je vais prendre un café au McDo. Je le commande, on me le donne et je cherche des yeux une table où m'assoir. J'en trouve une qui longe un mur dans un coin, au fond. Parfait, celle-là, c'est la mienne ! Je m'y dirige rapidement pour ne pas qu'on me la vole (je le sais, c'est puéril, mais bon), je m'assois.
Soudain, je sens quelque chose de dur sous mes fesses, dans mon pantalon. J'entre une main dedans et tâte. « Mais... ça ressemble à... un rouge à lèvres ! Qu'est-ce qu'un rouge à lèvres fait dans mon pantalon ?! » Je regarde autour de moi, pour vérifier que personne ne me regarde, et j'essaie de l'en extirper. Un homme assis devant moi m'observe d'une drôle de manière. J'arrête mon mouvement et attends qu'il regarde ailleurs. Le moment venu, je me dépêche de le sortir de là.
Je ne sais pas s'il y a des gens qui se sont rendu compte de toute l'affaire mais si oui, ils ont dû trouver que j'avais l'air d'une extraterrestre. Et avec raison. La preuve, le matin même, j'avais une tête en forme de cône !
samedi 20 février 2016
Tourner en rond chez l'orienteure
Pour une énième fois, je suis allée consulter une orienteure pour changer de domaine de travail. Il fallait bien : j'ai un enfant à faire vivre et rien n'a fonctionné. Je m'étais dit que cette fois, ce serait différent. Eh bien je m'étais trompée.
Comme je m'y attendais, elle m'a fait passer le fameux test RIASEC que j'ai fait un nombre incalculable de fois. Et comme à toutes les fois, il a donné la même chose, à la différence près que cette fois-ci, les lettres étaient inversées. Au lieu d'être AIZ (Artistique Investigateur Z Idéaliste), j'étais AZI. Grosse différence.
Et comme je m'y attendais aussi, l'ordinateur a généré un nombre impressionnant de métiers et professions liés à mon profil : de caricaturiste à enseignant au primaire en passant par décorateur d'intérieur. Évidemment, rien là-dedans ne me branchait.
J'avais juste envie de lui demander : « Pourquoi me faîtes-vous encore passer ce maudit test ? À l'évidence, il ne vaut pas grand-chose puisque je suis encore chez l'orienteur ! » Mais bon, ça ne me tentait pas de me faire mettre à la porte : c'était mon dernier espoir.
Elle m'a dit :
- Tu vois, tu es une artiste.
- Merci, j'avais remarqué... mais c'est pas ça qui va mettre du beurre sur mon pain.
- Tu pourrais donner ton nom dans les journaux ?
- Ils sont tous en train de fermer...
- On aura toujours besoin de journalistes.
- Alors pourquoi perdent-ils leur emploi ?
- T'aimerais pas ça travailler dans une librairie ?
- Tu me vois encaisser les plaintes des clients ? Je les sortirais avec un gros coup de pied dans le cul, oui !
- Ou offrir tes services dans les commissions scolaires ?
- Pour travailler avec les enfants ? J'ai assez de misère à ne pas étriper le mien...
- Ou faire de l'infographie ?
- Un plan pour que je transforme une oeuvre en un torchon.
- Alors c'est quoi ton truc ?
- Je sais pas...
- Tu sais quoi ? J'ai l'impression que tu te sous-estimes.
- Ah ben oui, ça se peut, hein ? Quand on perd toutes ses jobs, il y a de quoi se sous-estimer...
- Comme tu ne veux pas travailler avec les chiffres et les gens, tu pourrais travailler dans une ferme, un entrepôt, une usine, comme signaleure routière ou comme chauffeure de chariot élévateur ?
- J'ai tu une tête de chauffeure de chariot élévateur ?
Je commençais vraiment à perdre patience. Et mon temps. Et à réaliser que ce que je voulais vraiment faire, dans la vie, n'était pas offert dans les journaux et les sites d'emploi et n'était pas gage de sécurité ni de revenus. Mais de bonheur. Le bonheur de jouer avec les mots.
Ce que je fais déjà :)
lundi 19 mai 2014
Des chasseurs dans un monde de cueilleurs
Mais de nos jours, les chasseurs et leurs héritiers seraient en minorité dans notre société, d'où leurs difficultés. Celle-ci serait faite pour un monde de cueilleurs, où chacun doit faire sa tâche toujours de la même manière et toujours au même rythme, jour après jour, avec vitesse et efficacité. Où chacun doit suivre une logique et un ordre, des règles et des directives selon des conventions préétablies. Et gare à ceux qui en dérogent ! À ceux-là, on leur prédit un vilain avenir où ne les attendent qu'échecs et déceptions. On les rejette, ignore, met de côté, rit d'eux, parle dans leur dos, pointe du doigt. C'est la victime d'intimidation à l'école. C'est l'itinérant dans la rue. C'est l'assisté social, l'alcoolique, le drogué, le violent, le prisonnier dans notre société!
Mais selon Thom Hartmann, le chasseur d'aujourd'hui, c'est plutôt le chercheur ou le scientifique qui trouve le remède à une maladie, c'est l'informaticien qui met au point un nouveau logiciel ou l'explorateur qui trouve un nouveau pays ou un nouveau continent. C'est l'entrepreneur qui offre un produit ou un service complètement novateur, c'est l'artiste qui crée une oeuvre sublime et magistrale, bref, c'est celui qui sort du cadre, des sentiers battus, qui emprunte le chemin le moins fréquenté.
J'ai lu cette info et je ne m'en suis plus préoccupée.
Jusqu'à hier, où elle a refait surface.
Et là, j'ai eu une épiphanie.
Je me suis dit : « Mais mon Dieu ! C'est moi, ça ! Je suis une chasseuse dans un monde de cueilleurs! Je suis toujours prête à partir, je regarde toujours autour de moi en quête d'opportunités, je vibre à l'adrénaline, je réagis rapidement et j'ai toujours plein d'idées ! »
Je me suis alors demandée : « La job que je fais, est-ce du type cueilleur ou du type chasseur ? » Les doutes m'ont assaillie et j'ai constaté que j'ai occupé plusieurs emplois de type cueilleur... que je n'ai pas gardés.
J'ai analysé ma vie personnelle et j'ai réalisé que certains de mes passe-temps et fréquentations avaient été, eux aussi, du type cueilleur. Oui, vous savez, ces êtres et ces choses qui demandent temps et patience, qui ont un rythme lent et quasi immobile, qui demandent réflexion et rigueur ? Pas étonnant que j'aie été si déprimée et ennuyée!
J'ai aussi constaté que les moments où je me suis sentie le plus vivante ont été ceux où j'ai été impulsive et pris des risques, où je suis partie à l'aventure et me suis lancée dans la passion !
Oui, je suis définitivement une chasseuse dans un monde de cueilleurs, comme tous les attentionnels, d'ailleurs, et il n'en tient qu'à nous d'en tenir compte si nous voulons réussir et être heureux, peu importe ce que les autres en disent !
samedi 3 mai 2014
La métacognition : un puissant outil pour les attentionnels !

Il y a quelques mois (si ce n'est quelques années), je pensais à ce que je pourrais faire pour gagner ma vie. Mais, ayant une différence de l'attention, les pensées affluaient et se mêlaient dans ma tête, sans lien les unes avec les autres et c'était devenu le foutoir, le capharnaüm, l'anarchie.
Puis, un soir, je me suis installée devant l'ordinateur pour écouter l'une de mes émissions préférées : Attention Talk Radio. Le thème de l'épisode était le pouvoir de la pause.
http://www.blogtalkradio.com/attentiontalkradio/2014/05/01/adhd-the-power-of-the-pause
L'invité, David Giwerc, fondateur et président de l'ADD Coach Academy, parlait de la métacognition et de l'importance de s'arrêter pour prêter attention à ce que l'on pense et à ce que l'on sent, à ce que l'on fait et à ce que l'on dit, dans le but de mieux vivre sa vie. Il suggérait de tenir un journal de ses succès quotidiens et insistait sur le respect de soi.
Plus tard, je suis allée voir la définition dans le dictionnaire : connaissances d'un individu sur ses capacités et ses fonctionnements cognitifs.
Autrement dit, c'est l'art de s'observer, ce qui est très difficile pour moi. J'agis et après, je pense. Je vais trop vite, je n'ai pas de freins.
Mais la métacognition implique justement de s'arrêter pour pouvoir s'observer.
Alors c'est ce que j'ai fait : je me suis observée.
Et là, j'ai fait une découverte stupéfiante ! Je me trompais sur mes forces. Moi qui m'étais toujours considérée comme une bonne lectrice, je ne l'étais pas. Je lis plus lentement que la moyenne et je ne me souviens même pas de ce que je viens de lire!
Je pensais être douée pour les langues : pas vraiment. Je m'exprime mal, j'écoute mal et je ne suis pas très bonne dans les jeux de mots. Lorsque j'écris un texte d'information, je fais souvent des fautes d'inattention et j'exprime mal ma pensée.
Même chose avec les gens : je n'ai aucune habileté sociale. Je m'emporte, j'ai la mèche courte, je parle fort, j'interromps, je n'ai pas de patience, je ne me contrôle pas et je ne sais pas me présenter !
Je ne suis pas bonne avec mes mains non plus : j'ai les doigts plein de pouces et je m'accroche souvent !
Par contre, j'ai réalisé que je pouvais assembler des objets très rapidement, que j'avais de très bons réflexes et que j'avais un sens visuel et esthétique très fort. Lorsque je dois assembler quelque chose, je ne lis pas le texte : je regarde les images ou je manipule !
J'ai le sens du rythme, de la mélodie et je chante fort et juste.
Je suis intuitive, j'ai de bonnes idées et j'ai une bonne vision globale d'un problème ou d'une situation. J'apprends par moi-même et dans la passion, en mettant sur pied des projets qui me font vibrer.
De plus, je suis une chercheuse et une exploratrice, davantage qu'une exécutante. Je suis de type « chasseur» plutôt que de type « cueilleur », comme l'a si bien dit Tom Hartman dans sa thèse du chasseur-cueilleur.
http://www.thomhartmann.com/articles/2007/11/thom-hartmanns-hunter-and-farmer-approach-addadhd
Je chasse dans le sens métaphorique du terme : dans le but de trouver des réponses à mes questions, des solutions à des problèmes ou pour faire avancer l'humanité.
Bref, la métacognition a permis de mieux me connaître !
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