dimanche 18 décembre 2016

Mon fils, Asperger de haut niveau ?

Mon fils a toujours été spécial, c'est certain. Mais de là à recevoir l'étiquette
« Asperger de haut niveau », il y a un monde.

C'est pourtant ce que la psychologue de son école pense.

Comme j'éprouvais des difficultés avec Will à la maison, j'avais décidé d'aller consulter. Après plusieurs mois, la psychologue scolaire me contacte enfin. Elle me dit qu'elle l'observera au cours des prochaines semaines. Puis, elle m'envoie un questionnaire de plusieurs pages que je dois remplir. Ce que je fais.

Quelques jours après l'avoir reçu, elle me donne rendez-vous pour en discuter. Je me rends à cette rencontre, anxieuse et curieuse à la fois.

Elle me demande de décrire les difficultés que je vis avec Will et me fait part de ses observations. Elle trouve que Will ne regarde pas assez les autres enfants. Qu'il ne manifeste pas d'émotions. Qu'il est toujours d'humeur égale. Que pendant que camarades s'excitent, lui, il ne réagit pas. Ne va pas vers eux. Ne leur parle pas.

Ensuite, elle me communique ses résultats aux tests d'aptitudes. Il est dans la moyenne pour tout, à part pour l'aspect verbal, où il est dans la moyenne supérieure. Elle trouve son raisonnement spécial, surtout en mathématiques. Sa motricité fine est plutôt mauvaise, ce qui est surprenant, vu ses capacités mentales élevées.

Je lui dis que Will peut regarder ou entendre quelque chose une fois et il l'enregistre pour toujours. Pas besoin de le lui répéter. C'est comme s'il prenait une photo dans sa tête. Qu'il savait jouer aux échecs à 4 ans. Qu'il s'attarde à des détails qui, pour moi, sont sans importance. Qu'il n'a qu'un intérêt : les jeux vidéo.

Et là, elle m'assène son verdict : mon fils serait Asperger de haut niveau. Mais pour en être sûr, il faudrait le faire évaluer en pédo-psychiatrie. Dans ce département, ils offrent aussi des ateliers d'habiletés sociales, qui seraient, selon elle, profitables à Will. Elle me demande mon consentement. J'accepte. Je ferais n'importe quoi pour lui.

Je lui demande d'où ça vient. Le Syndrome d'Asperger, je veux dire. Elle dit que ça proviendrait de plusieurs facteurs, dont l'hérédité et une bactérie dans les intestins. Les chercheurs ne le savent pas trop encore.

Mais je ressors de là ébranlée, sonnée. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Je ne m'attendais pas à ça. Et j'ai des doutes. Oui, Will est intelligent. Oui, il a du mal à gérer sa colère. Oui, ses intérêts sont restreints. Oui, il a des difficultés sociales. Mais ça vient peut-être de moi, tout ça. Parce que je lui ai parlé et raconté des histoires tôt. Parce que je suis souvent devant l'ordi. Parce que je suis sauvage et solitaire. Parce que je peux faire de grosses crises de colère. Parce que je m'ennuie facilement.

Oui, ça doit venir de moi. Surtout quand on sait que les attentionnels peuvent aussi avoir le syndrome d'Asperger...

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