Bien que je me sois beaucoup améliorée dans l'art de gérer la paperasse, j'ai encore du chemin à faire.
Prenez ce matin, par exemple.
Je vais à l'hôpital avec Will parce que sa toux n'arrête pas d'empirer, malgré les multiples antibiotiques, pompes et eaux salines que je lui injecte depuis 1 mois et demie. Je n'adhère pas à la théorie des médecins, comme quoi ce n'est qu'un vieux rhume qu'il traîne. Moi, dans ma tête, un rhume, ça dure deux semaines. Si ça traîne, c'est parce qu'il y a anguille sous roche. Et ce matin, je suis vraiment déterminée à l'attraper, cette maudite anguille !
Je vais donc à l'hôpital avec sacoche, DS, jeux et bouteille d'eau, mes indispensables.
Arrivée dans le stationnement, j'appuie sur le fameux bouton de la barrière, vous savez, celui qui est toujours trop loin pour notre bras trop court et qui nous oblige à sortir de la voiture pour réussir à appuyer dessus. Ce jour-là, la chance doit être de mon bord parce que je réussis à l'atteindre du premier coup. Youpi ! Je mets mon ticket dans le porte-bouteille et vais me stationner. Puis, je le fourre dans une poche de mon jeans et m'assure que j'ai mes indispensables (incluant Will, bien sûr!) avant de me diriger vers l'accueil.
Rendue dans l'entrée, j'apprends qu'en plus du traditionnel lavage des mains et du masque qu'il faut porter, il faut maintenant passer le dessous de nos bottes sur une machine nettoyante. La belle affaire! Moi et Will, on tente de garder notre équilibre tout en prenant la pose du pélican...
Ensuite, on entre dans l'hôpital et j'appuie sur un écran pour avoir mon billet de triage. On va s'asseoir et on enlève sacoche, tuques, manteaux, cache-cou, mitaines (ah ! les joies de l'hiver!), je sors le DS du sac et la bouteille d'eau de l'autre. Mais après seulement quelques secondes, on est appelé. Je ramasse en vitesse sacoche, tuques, manteaux, cache-cou, mitaines, DS et bouteille d'eau, les enfonce dans les manches des manteaux et on file vers la salle de triage. Le triage, c'est toujours rapide, que je dis à Will. C'est après que ça se corse...
On n'a pas sitôt mis les pieds dans la salle que l'infirmière me demande notre billet et les cartes d'hôpital et d'assurance-maladie de Will. J'accroche nos manteaux sur le crochet de la porte, derrière moi, pose le sac à bouteille d'eau sur la table. Je sens son regard sur moi et me débats avec ma sacoche pour en extirper cartes et billet. Envoye! Grouille ! que je me dis à moi-même. La madame attend après toi ! Après plusieurs secondes de farfouillage, qui me semblent interminables, je les lui tends.
Puis, elle me demande ce qu'il se passe, prend la pression artérielle de Will, le fait monter sur une balance et lui insère un thermomètre dans le derrière. Il fait 38,2 de fièvre. (Moi, j'ai arrêté de la prendre parce que quand je le fais, le nombre affiché n'est jamais le même : 36,6, 37,1, 38,9, et de nouveau 36,6... C'est à devenir dingue ! Je ne dois pas avoir le tour...) Puis, elle me pose les sempiternelles questions: Depuis combien de temps votre fils a ces symptômes ? A-t-il des allergies? A-t-il déjà pris des pompes ? Y a-t-il certains médicaments qu'il ne peut pas tolérer? Très bien, allez vous inscrire et assoyez-vous dans la salle d'attente.
Je ramasse mes affaires (j'en ai tellement que j'ai l'impression de transporter la maison au complet), on va au secrétariat pour s'inscrire et on va s'asseoir. J'empile ma sacoche et nos manteaux à côté de moi, ressors la bouteille d'eau et le DS et les tends à Will. Il les ouvre et se met à jouer. À ma grande surprise, le médecin nous appelle au bout de quelques minutes. Il faut dire qu'en ce lundi matin, il n'y a pas grand-monde... On remballe sacoche, DS, manteaux et bouteille d'eau. Direction : bureau du médecin.
On entre et je lui résume les six dernières semaines. Il écoute la respiration de Will au stéthoscope, examine sa bouche et ses oreilles et décide de lui faire passer une radiographie des poumons et des bronches. C'est pas trop tôt, que je pense. Il me tend une feuille bleue.
On va au département d'imagerie médicale, je leur remets la feuille et attends, Will pleurant à chaudes larmes à mes côtés. C'est que le médecin est allé un peu fort en examinant ses oreilles... Là encore, on ne nous fait pas attendre longtemps, ça doit être mon jour de chance, tout semble bien aller... Il passe sa radio et on va avertir la secrétaire. Elle nous dit de retourner nous asseoir.
Je remets ma sacoche, les manteaux et la bouteille d'eau à côté de moi, sors le DS et Will se re-remet à jouer. Puis, le médecin nous appelle encore une fois. On remballe sacoche, manteaux, DS et bouteille d'eau et on entre dans son bureau. Ses poumons sont beaux, mais il a une hypertrophie des végétaux. Traduction : va falloir lui enlever les amygdales. Il va communiquer avec un spécialiste et on devra attendre qu'il nous appelle... après les Fêtes. Il me donne une prescription et on ressort du bureau.
On retourne dans la salle d'attente, on s'habille et j'enfonce ma main dans la poche de mon jeans. Ouf, mon billet est encore là. On se dirige vers le bidule de paiement, j'insère mon billet : 4,75$. Je donne 20 $, prends le change, presse sur un bouton pour avoir mon reçu et le mets dans une poche de mon manteau. On va dans l'entrée et Will me dit qu'il faut se relaver les mains. Je lis le panneau : Veuillez vous laver les mains en arrivant et en quittant. Pour avoir l'air d'une bonne mère, j'obéis. Puis, on sort dans le stationnement, on va vers l'auto au pas de course (il doit bien faire - 30 dehors, vive le Québec !) et on s'y engouffre.
Je démarre, retourne vers la barrière et sors le billet que j'ai dans ma poche. Je l'insère. La barrière ne s'ouvre pas. Quoi ?! Mais qu'est-ce qu' il se passe ! Je le réinsère. Même chose. Évidemment, c'est à ce moment-là qu'une auto arrive derrière moi. Pour avoir la paix, je fais demi-tour et vais me stationner dans un coin.
- C'est le stationnement des médecins, fait remarquer Will.
- Je m'en fous.
C'est alors que je réalise que c'est mon reçu que j'avais tenté de faire entrer dans la fente de la machine à barrière.
- Mais où est-ce que j'ai mis mon maudit ticket ? Bon, je vais aller voir en-dedans. Bouge pas, je reviens tout de suite.
J'entre à nouveau dans l'hôpital en évitant de regarder les gens (j'ai pas envie qu'ils me reconnaissent et qu'ils se demandent pourquoi je suis revenue) et me dirige vers la première employée que je vois, lunettes embuées.
- J'ai pas mon ticket pour sortir du stationnement. Qu'est-ce que je fais ?
- Allez voir l'agent de sécurité, qu'elle me répond avec un air bête.
Je fonce vers l'agent et lui explique ma situation. Il se retourne, prend un objet sur le bord de son bureau et me le tend. Un billet. Le mien.
- Oh, merci !
Un peu plus et je l'embrasse !
Je me rue vers la sortie, cours dans le stationnement (pourvu que l'auto ne se soit pas fait remorquer avec Will dedans ou qu'il ait décidé d'en sortir ou qu'un véhicule l'ait percuté!) et pousse un soupir de soulagement en voyant que mon auto est toujours là, intacte, et Will avec.
- Yeah ! Je l'ai ! que je crie d'un ton victorieux en embarquant et en brandissant le précieux objet devant Will. Il me regarde d'un drôle d'air, je démarre et me dirige vers la barrière.
J'insère mon ticket dans la fente et... bonheur des bonheur ! Elle s'ouvre !
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