mercredi 6 janvier 2010

L'art de tout saccager

Dans l'art de tout saccager, je surpasse n'importe qui de main de maître ! J'en suis devenue une spécialiste, une référence, une somité, une adepte, un modèle ! Je le fais maintenant pratiquement à toutes les semaines, à tous les jours, et à toutes les minutes. Aussitôt que je commence à construire quelque chose, je le défais. Aussitôt après m'avoir engagé, je me désengage.

Je fais une demande d'admission ? Je l'annule. J'envoie mon CV ? Je décline l'offre d'entrevue. J'ai la possibilité de faire un stage artistique ? Je ne me présente pas à la rencontre. Je pense partir mon entreprise? Je fais acte de présence aux deux premiers cours, avant d'arrêter le processus. Le pire, c'est que la semaine d'après, je repars le tout, pour l'arrêter de nouveau la semaine suivante. Comme l'a si bien dit un responsable de programme :

"T'es dure à suivre."

J'espère ! Moi-même, je ne me suis pas. En fait, je passe mon temps à jouer au chat qui coure après sa queue : dès que je l'ai, elle m'échappe. Et dès qu'elle m'échappe, je recoure après. Finalement, je n'avance pas, je ne fais que tourner en rond.

Pourquoi je suis comme ça ? Aucune idée. Il faudrait me psychanalyser, m'évaluer, m'examiner, me tester, me rendre rat de laboratoire. Aucun doute : je suis une tarée, une ratée, une détraquée, une ratatinée, une aparté. Je suis un cas à part, à part entière, entièrement à part, de part en part, une pas rapport.

Même auprès de mon fils, je suis incapable de m'engager. Je peux très bien m'en occuper une journée et celle d'après, le "domper" chez sa grand-mère car c'est tellement plus facile ! Car l'envie m'en prend. Car je ne peux résister à son offre de me "donner du répit". Car ce matin-là, je me suis levée avec l'envie de me faire plaisir, de faire ce qui me plaît, de dire à fiston :"Peux-tu aller voir si j'y suis s'il-te-plaît." Même si je me jure de passer plus de temps avec la chair de ma chair, qui devient bientôt chair à canon dans mon cas, je ne peux suivre mes promesses.

Dans ces circonstances, comment poursuivre mon projet de formation en éducation à l'enfance ? Après avoir annulé maintes et maintes fois mon inscription (c'est dans l'ordre des choses), je me suis finalement réinscrite. Pour combien de temps ? Sûrement pas longtemps. Surtout pas après cette soirée de merde que je viens de passer et où je me suis fait blaster par mon satané de chum, qui est bon pour me faire sentir une mère moche. Pour une fois que j'avais un beau projet de formation, que je voulais me reprendre en main de pied ferme, il a fallu que les doutes se rabattent sur moi, une fois de plus. Mais comment pourrais-je m'occuper des enfants des autres si je peine à m'occuper du mien ??? Durant cette soirée de merde, j'ai craqué, j'ai hurlé, j'ai joué un  mélodrame digne des films d'Hollywood, j'ai dit des choses horribles, comme quoi j'avais envie d'en finir avec la vie, avec l'impression d'être inutile, de ne pas avoir ma place nulle part. J'ai sacré, laissé couler toutes les larmes de mon corps, jusqu'à temps que mon fils vienne me voir et lève ses grands yeux purs vers moi et me tende les bras. Ça a mis un baume sur mon coeur. Mon coeur d'estropiée, écrasé, piétiné, déchiré, tordu, violenté, agressé, abîmé et mis de côté.

Je ne l'ai pas eue facile dans la vie, c'est peut-être pour ça. Mon coeur est de plus en plus fragile, peut de moins en moins en supporter. Il s'égratigne d'un rien, déjà fendu de mille et un côtés. Si ça continue, il sera bientôt sous respirateur artificiel. Il n'en peut plus de tous ces échecs, ces sentiments d'impuissance et d'inutilité, de vouloir faire le bien alors que tout ce qui en résulte est le mal. Il n'en peut plus de tous ces écarts de conduite, de tous ces sentiments intenses et de cette impulsivité.

Il n'en peut plus de tout saccager.

Aucun commentaire: