mardi 10 novembre 2009

La folie des grandeurs (2e partie)

Il y a des jours où l'on est vraiment à bout. Hier en était un. Alors je lance à mon chum, aussitôt qu'il arrive :

"Peux-tu amener Will dehors ? Je m'en vais me changer les idées, j'en peux plus !"

J'embarque alors dans mon char et je file prendre un café, tout en lisant le journal, un de mes moments préférés. Mais cette fois-ci, je n'ai pas la tête à ça. Je n'ai qu'une envie : aller voir un bon film au Clap. Ça faisait un bail que je n'y étais pas allée et j'adore son ambiance ! Tout est intime, feutré, bref, propice à l'évasion et à la rencontre avec de grands auteurs.

Arrivée à l'endroit en question, je regarde l'horaire des films et, après avoir fait mon choix, je constate que j'ai un bon 20 minutes devant moi. Je m'engouffre donc dans la librairie d'à côté, où je ne vois pas passer les heures.

Sur les tablettes et les présentoirs, plusieurs petits bijoux m'attendent, tous plus tentants les uns que les autres. À défaut d'en acheter (mon budget ne me le permet guère!), je me contente d'en lire quelques pages. Quelques-unes de celui-ci, quelques-unes de celui-là... Puis, je tombe sur un bouquin français qui ne me donne qu'une envie : m'envoler pour Paris pour travailler dans les mots. Entre deux pages, je me demande combien peut bien valoir un billet, comment j'y arriverais, si ce geste gâcherait la vie de mon fils, etc.

Quand l'une de ces folies des grandeurs me prend, j'ai peur, j'ai terriblement peur de moi. Je sais qu'entre la pensée et l'action, le fil est mince, très mince, même. J'ai un guts immense, je le sais, je le sens, et si je le laisse prendre le dessus sur la raison, bye bye tout le monde ! Je suis partie vivre mes rêves ! Je suis une impulsive et je sais que je suis capable de tout faire ce qui me passe par la tête. Je sais que si l'envie m'en prend, je peux partir pour un nowhere sur les chapeaux de roues et laisser tout en plan : ma famille, mes amis, ma maison, mes racines.

Plus je passais de livre en livre, plus je me disais :

" C'est ça que je veux faire, c'est la vie que je veux mener ! "

Je veux passer mes journées devant le papier ou l'ordi, avec une bonne tasse de café à côté, et faire aller les mots et mon imagination. Je veux devenir une auteure célèbre et voyager et signer des autographes. Je veux vivre la vie de bohème, d'artiste à l'état pur, et savoir ce que c'est que de ne vivre de rien d'autre que de son art, quand bien même je crèverais de faim pendant des jours, voire des semaines.

Oui, c'est ça que je veux faire. Pourtant, la peur de manquer d'argent me fait sans cesse retarder mon rêve. Je le remets toujours à plus tard, en me disant que je dois être raisonnable, réaliste, penser à ma sécurité financière et à celle de mon fils, que je dois prendre mes responsabilités. Ce qui m'amène à m'inscrire à plein de cours qui ne me passionnent guère, au fond. Évidemment, comme mon entourage se répète à me le dire, l'un n'empêche pas l'autre mais je suis une passionnée, une entière et, quand je me lance dans quelque chose, je le fais intensément, de telle sorte que je ne peux faire autre chose.

Ces derniers temps, voulant satisfaire à la fois mes désirs et ceux des autres, j'ai réalisé que j'en faisais trop et que je me dirigeais dans plusieurs directions différentes, ce qui me menait à l'épuisement et à la frustration. C'est typique des attentionnels. On est comme ça : on commence plusieurs choses sans en finir aucune, soit par manque de temps, par manque de motivation, bien souvent les deux. Beaucoup de spécialistes conseillent cependant d'en faire moins mais de le faire mieux et de nous concentrer sur ce qui est vraiment important pour nous.

En ce qui me concerne, ce dont je rêve le plus, c'est de devenir une auteure de best-sellers. Eh oui, rien de moins ! Je le sais, je vise haut. Mais je sens que je peux y arriver, avec beaucoup de travail et de discipline ! J'ai peut-être la folie des grandeurs comme bon nombre d'attentionnels mais sans folie, que serait le monde ? Bien terne, n'est-ce pas ?

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