Dans ce blogue, vous en apprendrez davantage sur le TDAH (trouble déficitaire de l'attention avec/sans hyperactivité), qui est, à mon avis, plus une différence qu'un déficit. À travers mon quotidien d'attentionnelle et sous forme de chroniques, je vous ferai découvrir un univers bien particulier, que partagent seulement 4% des gens.
mardi 9 mai 2017
Quelle mal élevée je fais !
Parfois, la distraction peut nous faire passer pour une personne mal élevée.
Prenez la semaine passée, par exemple.
Je vais au centre commercial pour prendre rendez-vous au salon de coiffure et j'en obtiens un pour 10h30 (il est 10h alors c'est plutôt pas mal).
En attendant, je vais me chercher un café dans mon casse-croûte préféré. Je vais m'assoir à l'une des tables placées à côté, et j'aperçois le préposé au comptoir assis à quelques tables de moi, en face, le journal ouvert devant lui. Je farfouille dans mon sac à main... pour réaliser que je n'ai rien à lire !!! Et il me reste une demi-heure à attendre ! Au secours ! Je suis là, mon gobelet de café bien chaud entre les mains, assise sur le bout de mon banc (je m'assois toujours sur le bout, ne me demandez pas pourquoi, peut-être pour pouvoir partir plus vite), en train d'observer les gens qui circulent autour de moi (un passe-temps que j'adore et qui me permet de tirer la matière de mes prochaines histoires puisque j'ai toujours plein d'idées d'histoires en tête). Une minute, ça fait. Deux, passe encore. Mais au bout de cinq, je suis carrément sur le bord de la crise de nerfs (je sais, j'ai un fichu caractère) !
Oh ! développement ! Le gars au journal se lève ! « Il retourne sûrement travailler », que je me dis. Alors j'en profite pour lui lancer, en pointant le journal devant lui :
- As-tu fini ?
- Non, me répond t-il sérieusement en secouant la tête. Je reviens.
- OK.
En effet, quelques secondes plus tard, il réapparaît.
Après ce qui me paraît une éternité à observer les faits et gestes de tout le monde, je le vois se relever. Nos regards se croisent et il me dit, journal en main :
- Tu le veux ?
Si je le veux ?!!! Si je le veux ?!!! C'est comme si je venais de recevoir une demande en mariage !
- Merci, que je lui dis en souriant.
- De rien.
Je l'ouvre à la page des jeux et j'entreprends les mots débrouillés (j'ai toujours besoin de me stimuler le cerveau).
Ce n'est pas la première fois que je vois le préposé. En fait, quand je vais à son casse-croûte, c'est souvent lui qui me sert. Plein de charme et sûr de lui, il a le don de me mettre à l'aise et a toujours un mot gentil.
C'est pourquoi, lorsque je me lève et m'apprête à quitter l'aire de restauration, quelques minutes plus tard, je suis surprise par son ton sec et son air sévère quand il s'amène vers moi :
- Tu me redonnes le journal ?
Je constate que ce dernier repose sur la table, ouvert à la page des jeux, que j'ai partiellement entachée avec l'encre de mon stylo :
- Ah oui, t'as juste à le prendre, que je lui réponds distraitement en m'en allant.
- Ben oui, c'est ça, que je l'entends marmonner entre ses dents.
« Mais qu'est-ce qui lui prend, aujourd'hui ? que je pense. Il est donc ben bête ! »
Ce n'est qu'une fois rendue au salon de coiffure, en me remémorant les événements, que je réalise ma double erreur : non seulement j'ai écrit dans son journal, mais j'étais aussi sur le point de partir sans le lui remettre !
Mais quelle mal élevée je fais !
mercredi 1 mars 2017
Avoir l'air stupide... même sur un bateau !
On peut avoir l'air stupide partout... même sur un bateau !
Prenez hier, par exemple.
Je reviens de Québec et je monte sur le traversier pour me rendre à Lévis. Comme le bateau part à toutes les demi-heures, je coure dans les escaliers pour ne pas le manquer. Encore beau que je ne me sois pas enfarger dans les marches !
Une fois rendue dans le couloir qui mène au guichet (vous savez, celui où il y a un homme bête et grisonnant assis derrière un comptoir vitré), je me dirige vers les deux portes coulissantes... fermées. Je reste là, immobile, à les fixer pendant plusieurs secondes (je m'imagine sûrement qu'elles finiront par s'ouvrir par la seule force de ma pensée...).
- Voyons ! Pourquoi elles ne s'ouvrent pas ! que je grogne entre mes dents. La panique est en train de me gagner : et si le bateau avait cessé ses activités pour la soirée ? Après tout, il est 11h du soir !
Je lève la tête et croise le regard de l'homme derrière le comptoir, qui me regarde en secouant et en se grattant la tête.
« Mais qu'est-ce qu'il a à me regarder de même ! » que je me demande, agacée.
C'est alors que je remarque un écriteau fixé sur les portes : « Réservé aux sorties seulement ». Je ne sais pas pourquoi mais je pense : « ben oui, c'est ça, je sors de la traverse. Alors pourquoi elles ne s'ouvrent pas ? ».
Et là, dans un éclair de lucidité, je viens de comprendre : ces portes sont destinées aux gens qui sortent du bateau ! Pas à ceux qui y embarquent !
Je sors de ma torpeur et coure vers l'homme derrière le comptoir, honteuse. Il pouvait bien secouer la tête en se la grattant ! Quelle nouille je fais !
Mais ma stupidité ne s'arrête pas là ! Oh que non !
Une fois sur le bateau, j'entre à l'abri et vais me poster à une fenêtre pour admirer la magnifique vue qu'offre la rive de Québec le soir. Les dizaines de lumières, les panneaux lumineux et surtout, le château Frontenac, m'hypnotisent. Puis, mes yeux se posent sur les blocs de glaces de différentes formes et grosseurs qui tapissent le fleuve que le brise-glace a laissés dans son sillage.
« Comme c'est beau ! que je me dis. C'est la première fois que je prends le bateau un soir d'hiver et c'est tout simplement magique ! Encore plus que l'été ! »
Tout à coup, un gros « boum » retentit mais l'eau continue de tourbillonner à mes pieds et les morceaux de glace, à dériver. La peur me prend : et si on avait percuté un iceberg, comme dans Titanic ? L'eau doit être d'un froid sibérien là-dessous ! Comment vais-je tenir le coup aussi longtemps que Jack et Rose ? (Je me souviens encore des noms des personnages principaux, signe que ce film m'a marqué. D'ailleurs, c'était vraiment un bon film très bien fait, avec une belle histoire d'amour comme je les aime entre deux êtres que tout sépare mais qui finissent par se retrouver dans l'éternité et qui reproduit efficacement l'Angleterre du début du 20e siècle avec ses différentes classes sociales et... Mais attendez ! Je suis en train de faire une critique de cinéma, là! Alors revenons à nos moutons !) Mon imagination s'emballe, donc, comme toutes les fois où j'ai peur. Je m'imagine en train d'agripper un iceberg et de m'y hisser, attendre qu'on vienne me secourir, bleue et tremblante, tandis que le sang se retire de mes mains et de mes pieds. Finalement, je meurs de froid et glisse vers le fond, où un navire retrouvera mon corps des années plus tard. Bon, je sais, c'est morbide, mais c'est le genre de pensées qui me traversent parfois l'esprit...
Je regarde autour de moi : pas de cris de panique, pas de gens qui se ruent à l'extérieur à la recherche de canots de sauvetage, c'est bon signe. J'en vois même debout sur le pont, qui semblent admirer la vue. Bah, ça ne doit pas être si grave que ça.
Soudain, la porte s'ouvre. Ça y est, c'est le capitaine qui vient m'avertir qu'il faut embarquer dans les canots ou m'ordonner de sauter à l'eau parce que son bateau a percuté un obstacle et que l'eau s'engouffre. Je tourne la tête : mais non, ce n'est que le concierge qui entre avec sa moppe et son seau d'eau pour laver le plancher.
Il me regarde d'un air curieux. « Ben voyons ! Qu'est-ce qu'ils ont tous à me dévisager comme si j'étais une extra-terrestre ? »
Je baisse la tête vers les eaux et les voient encore remuer : on ne doit pas être arrivé. Je reporte mon attention sur la rive opposée, avec ses magnificences. Parfois, je croise le regard du concierge dans la vitre, qui s'affaire derrière moi. Décidément, il a l'air de me trouver bizarre !
Des gens entrent dans l'abri. Des nouveaux. Que je n'ai pas vus.
Encore une fois, je suis frappée par un éclair : et si on était arrivé ? Et si le tourbillonnement de l'eau et la dérive des glaces n'étaient pas un signe de mouvement ?
Je lève la tête, paniquée, et me rue vers la sortie. Je presse le bouton qui fait ouvrir la porte et je vois la passerelle déployée devant moi. Oh mon Dieu ! Le bateau est arrêté ! Mais depuis combien de temps ?
Prenez hier, par exemple.
Je reviens de Québec et je monte sur le traversier pour me rendre à Lévis. Comme le bateau part à toutes les demi-heures, je coure dans les escaliers pour ne pas le manquer. Encore beau que je ne me sois pas enfarger dans les marches !
Une fois rendue dans le couloir qui mène au guichet (vous savez, celui où il y a un homme bête et grisonnant assis derrière un comptoir vitré), je me dirige vers les deux portes coulissantes... fermées. Je reste là, immobile, à les fixer pendant plusieurs secondes (je m'imagine sûrement qu'elles finiront par s'ouvrir par la seule force de ma pensée...).
- Voyons ! Pourquoi elles ne s'ouvrent pas ! que je grogne entre mes dents. La panique est en train de me gagner : et si le bateau avait cessé ses activités pour la soirée ? Après tout, il est 11h du soir !
Je lève la tête et croise le regard de l'homme derrière le comptoir, qui me regarde en secouant et en se grattant la tête.
« Mais qu'est-ce qu'il a à me regarder de même ! » que je me demande, agacée.
C'est alors que je remarque un écriteau fixé sur les portes : « Réservé aux sorties seulement ». Je ne sais pas pourquoi mais je pense : « ben oui, c'est ça, je sors de la traverse. Alors pourquoi elles ne s'ouvrent pas ? ».
Et là, dans un éclair de lucidité, je viens de comprendre : ces portes sont destinées aux gens qui sortent du bateau ! Pas à ceux qui y embarquent !
Je sors de ma torpeur et coure vers l'homme derrière le comptoir, honteuse. Il pouvait bien secouer la tête en se la grattant ! Quelle nouille je fais !
Mais ma stupidité ne s'arrête pas là ! Oh que non !
Une fois sur le bateau, j'entre à l'abri et vais me poster à une fenêtre pour admirer la magnifique vue qu'offre la rive de Québec le soir. Les dizaines de lumières, les panneaux lumineux et surtout, le château Frontenac, m'hypnotisent. Puis, mes yeux se posent sur les blocs de glaces de différentes formes et grosseurs qui tapissent le fleuve que le brise-glace a laissés dans son sillage.
« Comme c'est beau ! que je me dis. C'est la première fois que je prends le bateau un soir d'hiver et c'est tout simplement magique ! Encore plus que l'été ! »
Tout à coup, un gros « boum » retentit mais l'eau continue de tourbillonner à mes pieds et les morceaux de glace, à dériver. La peur me prend : et si on avait percuté un iceberg, comme dans Titanic ? L'eau doit être d'un froid sibérien là-dessous ! Comment vais-je tenir le coup aussi longtemps que Jack et Rose ? (Je me souviens encore des noms des personnages principaux, signe que ce film m'a marqué. D'ailleurs, c'était vraiment un bon film très bien fait, avec une belle histoire d'amour comme je les aime entre deux êtres que tout sépare mais qui finissent par se retrouver dans l'éternité et qui reproduit efficacement l'Angleterre du début du 20e siècle avec ses différentes classes sociales et... Mais attendez ! Je suis en train de faire une critique de cinéma, là! Alors revenons à nos moutons !) Mon imagination s'emballe, donc, comme toutes les fois où j'ai peur. Je m'imagine en train d'agripper un iceberg et de m'y hisser, attendre qu'on vienne me secourir, bleue et tremblante, tandis que le sang se retire de mes mains et de mes pieds. Finalement, je meurs de froid et glisse vers le fond, où un navire retrouvera mon corps des années plus tard. Bon, je sais, c'est morbide, mais c'est le genre de pensées qui me traversent parfois l'esprit...
Je regarde autour de moi : pas de cris de panique, pas de gens qui se ruent à l'extérieur à la recherche de canots de sauvetage, c'est bon signe. J'en vois même debout sur le pont, qui semblent admirer la vue. Bah, ça ne doit pas être si grave que ça.
Soudain, la porte s'ouvre. Ça y est, c'est le capitaine qui vient m'avertir qu'il faut embarquer dans les canots ou m'ordonner de sauter à l'eau parce que son bateau a percuté un obstacle et que l'eau s'engouffre. Je tourne la tête : mais non, ce n'est que le concierge qui entre avec sa moppe et son seau d'eau pour laver le plancher.
Il me regarde d'un air curieux. « Ben voyons ! Qu'est-ce qu'ils ont tous à me dévisager comme si j'étais une extra-terrestre ? »
Je baisse la tête vers les eaux et les voient encore remuer : on ne doit pas être arrivé. Je reporte mon attention sur la rive opposée, avec ses magnificences. Parfois, je croise le regard du concierge dans la vitre, qui s'affaire derrière moi. Décidément, il a l'air de me trouver bizarre !
Des gens entrent dans l'abri. Des nouveaux. Que je n'ai pas vus.
Encore une fois, je suis frappée par un éclair : et si on était arrivé ? Et si le tourbillonnement de l'eau et la dérive des glaces n'étaient pas un signe de mouvement ?
Je lève la tête, paniquée, et me rue vers la sortie. Je presse le bouton qui fait ouvrir la porte et je vois la passerelle déployée devant moi. Oh mon Dieu ! Le bateau est arrêté ! Mais depuis combien de temps ?
dimanche 8 janvier 2017
J'ai oublié de prendre mon Nest Café ce matin...
Même si je gère de mieux en mieux mon déficit de l'attention, je suis encore - hélas ! - distraite. Et quand ça m'arrive en public, j'en suis toute honteuse. C'est pourquoi, pour dédramatiser un peu, j'ai trouvé une phrase passe-partout qui me fait paraître un peu moins tête en l'air :
« j'ai oublié de prendre mon Nest Café ce matin».
Tenez, prenez l'autre jour, par exemple.
Je vais au Subway, pour ne pas le nommer (ben quoi, c'est dans mes moyens alors pourquoi ne pas y aller ?), et je commande un café (ah ! ce cher café ! Que deviendrais-je sans lui ?). La préposée me dit le prix, (même si j'y vais régulièrement, je l'oublie toujours, ce maudit prix! Alors elle doit me le rappeler sans cesse) et je paie. Mais évidemment, c'est après avoir payé que je me rends compte que j'ai une carte-café toute poinçonnée, ce qui fait que si j'avais pensé à cette maudite carte plus tôt, le café ne m'aurait rien coûté (j'essaie toujours d'économiser le plus possible, surtout que je ne roule par sur l'or). Alors je la sors et dis :
- Oups ! Je viens de me rendre compte que j'ai une carte toute poinçonnée.
- C'est pas grave, vous n'aurez qu'à l'utiliser la prochaine fois (pourquoi ne me rembourse-t-elle pas et ne me donne-t-elle pas mon maudit café gratuit tout de suite ? Je me suis toujours posée la question sans jamais avoir eu le guts de la lui poser).
- OK, que je réponds, embarrassée.
Je remets ma carte à moitié utilisée dans mon portefeuille, prends mon verre à café et vais le remplir.
- Heu... vous avez oublié de reprendre votre carte (comprendre la toute poinçonnée)
Je sursaute et la regarde, les yeux vides.
- Vous en aurez besoin la prochaine fois, pour avoir votre café gratuit, m'explique-t-elle, comme à une enfant.
- Ah... oui... Désolée... j'ai oublié de prendre mon Nest Café ce matin...
Elle sourit.
***
Dans l'après-midi, je vais porter un formulaire au bureau de poste. Pour le gouvernement. C'est urgent. (Tout ce que le gouvernement m'envoie est urgent. Ils me l'ont envoyé le 2 pour que je le leur renvoie avant le 6. Wow. En plein dans le temps du jour de l'An. Et si j'avais eu plein de partys durant cette période, hein ? Je l'aurais oublié ? Et après, ils m'auraient harcelé ? Pas fou, comme idée, hein ? Heureusement, j'ai eu une période des Fêtes tranquille.) Dès que je l'avais reçu, je l'avais rempli et y avais inscrit mon nom et mon adresse sur les lignes. Et comme il y avait une forme carrée pour le timbre et que je n'en avais pas en ma possession (faut dire que je n'ai pas regardé mais bon, ça, c'est une autre histoire...), direction, bureau de poste.
Une fois là-bas, une femme à l'air de bœuf m'accueille. Bon ! Ça commence bien ! Pis là, elle regarde l'enveloppe que j'ai posée sur le comptoir. Elle lève la tête et dit :
- Vous n'avez pas mis l'adresse de destination au centre.
- Je sais, mais il y avait seulement un encadré transparent avec l'enveloppe de retour...
Elle soupire bruyamment, ouvre l'enveloppe d'une main brusque, tourne le formulaire dans tous les sens, et constate la même chose que moi.
- On va mettre une étiquette et écrire l'adresse dessus.
- OK.
- Et là, vous avez inscrit l'adresse du destinataire, alors que c'est votre propre adresse qui devrait y être.
Elle me dévisage d'un air bizarre.
Je regarde les lignes que j'avais remplies, dans le coin supérieur gauche. Je réalise, en effet, qu'elles contiennent non pas ma propre adresse, comme c'est l'usage, mais celle de l'organisme gouvernemental. Mais pourquoi j'ai fait ça ?!
Je lève la tête et dis :
- Oups ! J'ai oublié de prendre mon Nest Café ce matin.
Comme la préposée du Subway, elle sourit.
Ouf ! Une chance que je l'ai, cette phrase-là !
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